Dip Doundou Guiss se confie…

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Dip Doundou Guiss est sans aucun doute le rapper le plus populaire en Afrique. Dominique Preira, de son vrai nom, est un rappeur sénégalais né en 1991. DIP est une abréviation de son prénom Dominique mais fait allusion aussi au mot anglais DEEP « profond », en référence à ses textes qui quoique très ancrés dans la rue ont toujours un côté philosophique qui nous ouvre une fenêtre sur sa vision de la vie et ses expériences. Nous avons eu l’honneur d’échanger avec cette célébrité, humble et charismatique, qui est sur la couverture de cette édition spéciale musique.

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ESIMBI magazine : “Doundou” et “Guiss” signifient en wolof “vivre” et “voir”. En quoi ces deux termes vous touchent au point d’en faire votre pseudonyme ?

Comme vous venez de le dire, “Doundou” et “Guiss” signifient en wolof “vivre” et “voir” et ceux sont deux mots qui englobent la vie et en même temps résument la musique que je fais. « Guiss » pourrait également signifier apprendre. « Vivre pour apprendre ». En général, les chansons que je crée tournent autour de ce concept. Vivre et voir est un champ d’action vaste et c’est ce qui me permet de pouvoir traiter différentes thématiques autour de la vie.

ESIMBI magazine : Vous avez grandi avec la musique du rappeur américain LL Cool J, en quoi a-t-il été un modèle d’inspiration pour vous ?

C’est plutôt J Cole qui m’a le plus inspiré dans sa façon de raconter sa vie, son histoire, son parcours. Il y met un degré de storytelling captivant. D’ailleurs, c’est une chose que j’aime bien faire. Pour moi, le storytelling représente tout mon univers artistique et musical. Parler de moi, partager ma vie avec les gens qui m’écoutent est une manière d’instaurer aussi une relation de confiance avec ma communauté et de refléter eux même leur parcours.

ESIMBI magazine : Vous avez donné un concert le 8 février dernier au CICES de Dakar avec un invité de marque, Youssou N’Dour. Quelle était votre impression après avoir chanté aux côtés de votre idole ?

C’est une très grande fierté d’avoir Youssou N’Dour comme invité pendant son concert. Ce n’est pas quelque chose qu’il fait tout le temps, donc en tant que jeune artiste qui évolue dans le milieu du rap, ça fait super plaisir. On a été bercé par sa musique à la maison avec les parents. On l’admire à cause de tout ce qu’il a eu à réaliser dans ce pays. C’était une grande fierté et un grand honneur.

ESIMBI magazine : Comment s’est passée la collaboration avec Lefa avec lequel vous avez fait un featuring sur le titre “KMND” ?

Cela s’est passé naturellement. J’ai juste fait un couplet que je lui ai envoyé. Il a apprécié et à son tour, il a posé son couplet. Le lien s’est fait grâce à Jean Pierre Seck, CEO de ALLMADE. En tout cas, on espère travailler davantage avec d’autres artistes à l’international qui sont à son niveau.

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ESIMBI magazine : En sollicitant Lefa, est-ce que vous souhaitiez attirer un public diffèrent ?

On aspire toujours à attirer un autre public, on tente d’amener le rap sénégalais dans d’autres horizons.

ESIMBI magazine : Vous êtes l’un des rappeurs sénégalais les plus populaires. Qu’est-ce que cela représente d’être “l’ambassadeur” du rap sénégalais ?

On est tous ambassadeur dès lors qu’on sort du Sénégal. Maintenant tout dépendra de l’impact. On essaie de travailler dur pour y arriver et augmenter l’impact pour que ça puisse peser dans les autres pays. C’est notre l’objectif.

ESIMBI magazine : Trouvez-vous que le rap sénégalais est encore un méconnu en Europe ?

Les rappeurs sénégalais ont déjà eu à faire des featurings avec d’autres artistes Européens et d’ailleurs, je ne suis pas le seul. Les pionniers PBS (Positif Black Soul) et les Daara J ont eu à le faire avant moi. Donc, je ne dirais pas que le rap sénégalais est méconnu. Et grâce à internet, c’est devenu plus facile. Certes, il y’a encore du travail à faire, mais on ne lâche rien. Cela va payer tôt ou tard et le rap galsen sera encore plus connu.

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ESIMBI magazine : Vous êtes également un artiste engagé et avez récemment distribué 100 sacs de riz et 100 bouteilles d’huile à la population de Grand-Yoff. En quoi était-ce important de faire ce geste très généreux ?

C’était juste pour montrer l’exemple, inciter les autres à le faire et montrer que ce n’est pas parce qu’on est pas riche, qu’on ne doit pas partager. Certes les moyens sont faibles, mais on partage avec la population, le peu qu’on a.

ESIMBI Magazine : Est-ce que c’était aussi votre manière de dire que le Sénégal doit se montrer solidaire face à cette épidémie de coronavirus ?

C’est exactement ça ! Il n’y a pas que l’argent qui compte. Chacun peut contribuer à sa manière, à son échelle et avec ses moyens. L’essentiel est d’être solidaire.

ESIMBI magazine : Pour revenir à votre carrière, quels sont vos projets pour la suite de 2020 ?

On est toujours au studio. On travaille sur beaucoup de projets qui incluent Dip quinzaine 4 et des projets internationaux. On ne peut pas tout dévoiler, mais on travaille sur beaucoup de projets. L’essentiel c’est de faire de la bonne musique et après on verra comment la sortir et l’exporter.