Féminicide : Comment lutter contre l’inaction ?

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Avec son incontournable fête des amoureux, le mois de Février est un mois qui est traditionnellement consacré à la célébration de l’amour. Certains commerces ont démarré leur campagne et on ne compte plus le nombre de pubs pour de la lingerie fine sur notre instafeed. Si Février se caractérise par la fête de la Saint-Valentin. Il y a, à travers le monde, des milliers de femmes qui sont loin de pouvoir profiter de ce parfum euphorique mondial. Pour elles, l’amour au quotidien se manifeste surtout par le nombre de bleus qui marquent leur corps. Alors, si beaucoup ont décidé de se concentrer sur la face lisse de l’amour. A la rédaction d’Esimbi Magazine, on s’est dit que pour une fois, on allait évoquer sa face sombre, en traitant du féminicide. Car si les derniers chiffres donnent espoir, la bataille est loin d’être terminée, bien au contraire. 

Si depuis deux ans, le termes “Féminicide” a trouvé sa place dans le débat public, les autorités elles, peinent à trouver des solutions concrètes pour éradiquer cette plaie commune à toutes nos sociétés. En début de semaine, le garde des sceaux de la République Française, Eric Duppont-Morreti, tenait à souligner la baisse du nombre de cas de féminicides recensés en 2020, passés à 90 contre 146 en 2019. Ces résultats “encore trop modestes” mais “porteur d’espoir” pour reprendre les mots du ministre, ne permettent pourtant pas d’évaluer l’impact des mesures prises par le gouvernement.  

Il suffit en effet d’un simple coup d’œil à la presse quotidienne, pour se rendre compte de l’ampleur de ce fléau. A la veille de la rédaction de cet article, un nouveau féminicide a été recensé en France. Tandis qu’un autre, a frappé, de par sa brutalité, la société algérienne, il y a 19 heures.  

Féminicide : la réalité des faits  

Le vrai visage des violences domestiques, il se manifeste principalement par les chiffres. Il y a encore deux ans, l’Asie était considérée comme comptant le plus grand nombre de femmes tuées par leurs conjoints, avec près de 20 000 victimes. Le continent africain déplorait lui près de 19 000 victimes tandis que l’Europe, elle, recensait environ 8000 femmes décédées des suites des coups infligés par leurs maris.  

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Des chiffres qui font d’autant plus froid dans le dos, quand on sait qu’au Canada, des études avaient révélés que tous les jours six jours, une femme était tuée par son compagnon. Des victimes qui n’en finissent plus de fournir en détails sordides, les documentaires de faits divers.  

En 2019, l’enquête menée par les rédacteurs du Monde durant un an, ont montré qu’en France, les féminicides conjugaux représentaient 15% de la totalité des crimes recensés dans l’année.  

En somme, la moitié des femmes sont mortes, tuées par leur compagnon. Au-delà d’un concept inscrit dans le débat public et politique, la réalité des faits, montre que de la nécessité du débat, découle, le devoir d’action.  

Le devoir de lutte contre l’inaction  

Si le ministre de la justice se satisfait de la lueur d’espoir donnée par les chiffres de l’année 2020. Cette baisse ne saurait être un bilan satisfaisant. Caroline De Haas, fondatrice de #NOUSTOUTES, a d’ailleurs réagi aux propos du ministre en rappelant : “qu’avec encore près de 100 mortes, on ne peut pas se satisfaire.”  

Baisse du féminicide, oui, mais pas des violences conjugales. En plus de l’instabilité économique et sociale engendrée par la crise sanitaire, le coronavirus aura permis de mettre en lumière, la hausse des signalements de violences dans les cercles conjugaux et intrafamiliaux durant les périodes de confinement.  

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Durant le premier confinement, la hausse des signalements avait augmenté de 30%. La barre a atteint les 60% avec le deuxième confinement. Et la France n’est pas la seule dans ce cas. En Espagne ou au Brésil, même constat.

Pour pallier ce problème et aider les femmes démunies face à leurs maris, le gouvernement brésilien a d’ailleurs opté pour une solution 100% digitale. Plusieurs applications permettant à des avocats ou des psychologues d’orienter plus efficacement les victimes. La mise en place d’un système permettant de porter plainte directement sur WhatsApp ou Télégram a notamment explosé en termes d’utilisation.  

Bien entendu, la France n’est pas en reste avec son projet Grenelle, calqué sur le modèle Canadien, et mis en place depuis 2019. Toutefois, la lutte contre le féminicide, demande à ce que l’on redouble de vigilance pour éviter à certaines femmes de rejoindre la longue liste des victimes à ne pas oublier.

En prenant conscience du message, que certains artistes comme Tayc, font passer à travers leurs titres, qui sait ? On pourra peut-être réussir à faire bouger les lignes.