Joé Dwèt Filé en mode “Calypso”

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Artiste, auteur, compositeur originaire d’Haïti, Joé Dwèt Filé s’est fait connaître dans le milieu afro-caribéen en composant des titres pour des grands noms du zouk. Aujourd’hui, il s’impose en tant qu’artiste à part entière et prouve l’étendue de son talent avec la sortie de son nouvel album “Calypso” réédité en édition “Winter”. Un projet de 35 titres dans lequel il a invité de nombreux guests comme Franglish, Leto, Fally Ipupa, Ronisia, Naza et Bolémvn. Joé Dwèt Filé sera au Zénith de Paris le 10 novembre 2022.

Dans cette interview accordée à ESIMBI Magazine, l’artiste nous parle de sa passion pour la musique, son nouvel album, ses souvenirs de concerts et ses envies de collaborations.

Propos recueillis par Tina Lobondi et Kevin Sonsa-Kini.

ESIMBI Magazine : Avant d’évoquer votre nouvel album, revenons sur votre passion pour la musique. Comment est-elle née ?

Joé Dwèt Filé : Ma mère chantait dans une chorale à l’église. Pour moi, les meilleurs musiciens viennent de l’église, du Gospel. Ma passion pour la musique vient surtout de mes parents.

Vous vous êtes fait connaître en tant que compositeur pour des grands noms du zouk. Est-ce que le fait d’écrire pour d’autres artistes vous a servi dans votre carrière ?

Oui ça m’a servi d’expérience. J’ai commencé très très jeune. J’ai travaillé avec des gens qui étaient plus âgés que moi. Ça m’a forgé. J’ai pris en maturité même si je ne donne jamais mon âge.

Vous sortez votre nouvel album “Calypso” réédité en édition Winter (hiver). Pourquoi ce titre “Calypso” ?

Calypso, c’est l’histoire d’une femme qui tombe amoureuse d’un homme. L’homme aussi est fou amoureux d’elle. La femme elle, l’envoie en mission pendant sept ans. Et lui, lui promet d’être là à son retour. Il y va par amour. Lorsqu’il rentre, il est pressé de voir sa chère et tendre mais il s’aperçoit qu’elle n’est pas là. Elle est partie parce qu’elle ne veut plus connaître ce sentiment de tristesse, d’amour.

L’album a été vendu à plus de 25 000 exemplaires. Qu’en a pensé le public des chansons de l’album ?

Le public a apprécié. J’ai eu beaucoup de bons retours. C’était mon premier projet avec des featurings. J’ai osé. Je me suis ouvert.

En écoutant vos chansons, on sent en vous un côté très sentimental. C’est comme ça que vous vous définissez ?

Bien sûr ! Le grand macho qui dirait qu’il n’est pas sentimental c’est un menteur. Chaque homme a toujours ce côté sentimental en lui. Mais il va peut-être le cacher par rapport aux autres expériences qu’il a vécue. Moi de mon côté, je cache mon côté sentimental par rapport à des choses que j’ai vécues.

Est-ce qu’avec cet album réédité en version winter, vous espérez vous imposer un peu plus sur la scène urbaine française ?

Bien sûr ! C’est le but. Chaque artiste cherche à conquérir le public de l’autre. Pas forcément le voler, mais se faire découvrir aux yeux du grand public. C’est en soi le but des featurings.

En parlant de scène urbaine française, comment se sont passées les collaborations notamment avec Leto et Franglish ?

Leto c’est quelqu’un que je connais depuis longtemps. On rigole beaucoup en dehors de la musique. Un jour, je lui ai envoyé un message et je lui ai dit : “Faut qu’on fasse un truc ensemble”. On est parti au studio et on a fait deux titres : “Baby Girl” et “Jay-Z Beyoncé”. Et Franglish, c’est quelqu’un avec qui j’avais collaboré déjà bien avant notamment sur le titre “Dernière chance” dans la compilation “Game Over Volume 2”. Comme on se connait depuis longtemps c’était normal que je l’invite sur ce projet.

Franglish vous a-t-il encouragé dans votre projet ?

Oui ! J’aime bien dire ça mais il fait partie des personnes les plus vraies de ce monde musical. Il y en a très peu dans ce game !

Comment ça se passe avec votre équipe lorsque vous décidez de travailler sur un album ? Quel est le procédé ?

Ça dépend. J’avais fait une mixtape #ESOLF en 2018, puis en 2019 j’ai sorti mon premier album “A Deux”. A chaque fois, il n’y a pas de directive forcée. Sur “Calypso”, j’ai fait plusieurs morceaux et c’est seulement à la fin qu’on a choisi le titre de l’album.

Vous vous êtes produits il y a quelques mois à l’AccorHotels Arena au concert de Burna Boy ? Quel souvenir gardez-vous ?

C’était mon deuxième passage à Bercy. C’est toujours une expérience incroyable ! C’est dur à expliquer.

“La cigale et l’olympia sont les meilleurs moments de ma vie”

Joé Dwèt Filé.

Vous avez fait avant cela des concerts à La Cigale et à l’Olympia de Paris. Comment avez-vous vécu ces expériences scéniques ?

Ce sont les meilleurs moments de ma vie ! On ne dirait pas comme ça, mais je suis quelqu’un de timide. Quand tu te retrouves devant 1700 personnes qui ne viennent voir que toi, c’est un sentiment inexplicable. Mais en tout cas, ça fait vraiment plaisir.

Est-ce que vous songez à vous produire en Afrique ou dans les Antilles cette année ?

J’ai déjà fait pas mal d’allers retours aux Antilles en 2018/2019 notamment à la Réunion, en Guadeloupe, en Martinique où j’y suis allé à plusieurs reprises. En revanche, je n’ai pas encore eu la chance d’aller en Afrique.

En parlant de l’Afrique, dans quels pays pensez-vous que votre musique aura le plus d’impact ou le plus de résonances ?

Je pense que ça serait plus en Côte d’Ivoire, au Congo, au Cameroun, au Sénégal et au Mali aussi. Je reçois beaucoup de messages de gens qui habitent là bas et qui aiment ma musique.

Si vous deviez choisir trois pays ce seraient lesquels ?

Je dirai Congo, Côte d’Ivoire et Sénégal.

Et si vous deviez choisir des artistes issus de ces trois pays, ce serait qui ?

Ce serait déjà Fally Ipupa car pour moi, c’est la base. Moi, je fais du compas. C’est une musique qui se rapproche beaucoup de la rumba. C’est avec lui que j’ai fait mon premier gros feat sur le titre “Elle m’a trouvé”. Je voulais faire une sorte de rumba un peu plus moderne. Pour moi, il était inconcevable de faire une rumba sans faire appel à un artiste congolais. Et pour moi, Fally c’est l’artiste qui touche toutes les générations. En Côte d’Ivoire, j’aime la chanteuse Josey. Elle a une voix incroyable. Je parle beaucoup avec elle. Je suis entré en contact avec elle grâce à Claudy Siar qui présente Couleurs tropicales sur RFI. On doit même travailler ensemble avec Josey. Pour le Sénégal, j’ai beaucoup d’amis sénégalais mais il n’y a aucun artiste sénégalais qui me vient à l’esprit.

Avez-vous un message à faire passer à nos lecteurs, aux personnes qui vous soutiennent et aiment votre musique ?

Pour les personnes qui me soutiennent, je les remercie d’avoir fait ce que je suis aujourd’hui. Continuez à me soutenir. Il y a des projets qui vont encore arriver.