PHYNO, un visionnaire de la scène du rap indigène au Nigeria

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Reconnu comme l’un des pionniers notables de la scène rap indigène au Nigeria, livrant du hip-hop dans la langue nigériane traditionnelle, Phyno reste l’un des artistes les plus élégants et innovants d’Afrique. Rappeur,chanteur,compositeur et producteur Nigérian, Phyno a sorti son nouveau single” BBO (Bad B*tches Only) ” depuis le 28 Octobre 2022 (Penthauze/ MAD Solutions LLC). Ce nouveau single fait suite à la sortie de son morceau collaboratif avec son compatriote nigérian Tekno sur “Full Current” , et de son quatrième album studio “Something To Live For”, qui cumule plus d’un million de streams depuis sa sortie et contient des collaborations avec notamment Olamide, The Cavemen, Flavour et Perruzzi.

Le rappeur qui s’était fait connaître au grand public avec son single “Ghost Mode” sorti en 2012, aux côtés de Olamide , remporta Best Collaboration aux 2012 The Hip Hop World Awards (HEADIES) et aux 2013 Nigeria Entertainment Awards. Il a depuis proposé quatre albums, lancé son propre festival “Phynofest” , assuré des tournées au Royaume-Uni, en Amérique, Europe et obtenu son premier rôle dans le film de Genevieve Nnaji “LionHeart” . Il s’est entretenu en exclusivité avec ESIMBI magazine.

Propos recueillis par Tina Lobondi

ESIMBI: Vous êtes considéré comme l’un des meilleurs musiciens et rappeurs de votre génération, que pensez-vous de cette affirmation?

PHYNO: C’est une bénédiction. Je suis passionné par ce que je fais . J’aime faire de la musique, produire de la musique et j’aime m’exprimer à travers la musique . Donc je me sens vraiment béni mais je ne considère pas ça comme acquis.

ESIMBI: Votre nouveau single BBO (Bad B*tches Only) est sorti il y a quelques semaines et le succès a été immédiat. Vous vous attendiez à ce succès et quelle était l’inspiration derrière?

PHYNO: En matière de musique , j’aime faire ce que je ressens. Je n’aime pas les cases. Le son avant BBO, c’était un son pour les lovers. BBO, c’est plus pour les bad boys et les reines qui portent leurs couronnes sans s’excuser. Puis, je voulais faire danser les gens pour ce titre. Je voulais que ça soit un hymne. Un son qui passe en boîte de nuit. Je suis très heureux d’avoir suivi mon inspiration et que le succès soit au rendez-vous .

ESIMBI: Votre dernier projet s’appelle “Something to live for” , pouvez-vous nous en dire plus sur le titre de cet album et son histoire?

PHYNO: Avant la sortie de “Something to live for” je faisais initialement de la musique par passion et par amour. En travaillant sur cet album, j’avais plus mes fans et les gens qui me soutiennent en tête. La question dans mon esprit était celle de l’héritage. Qu’est-ce que je leur laisserai après ma mort. Donc, les histoires racontées dans cet album, le mood, tout ça a été conçu pour faire partie de mon héritage musical.

ESIMBI: Vous avez collaboré sur cet album avec certains des meilleurs artistes comme Tekno ou Olamide. Comment ces duos ont-ils vu le jour?

PHYNO: Ces gars sont mes amis. On partage souvent des moments en studio ensemble à parler de musique ou à se faire écouter les morceaux des uns et des autres. On est à un stade de relation, où c’est devenu la famille pour moi. On se soutient les uns et les autres. On se tire vers le haut. Et quand il s’agit de collaborations, j’ai eu une approche très différente pour chaque artiste qui figure sur l’album parce qu’ils m’inspirent tous différemment.

ESIMBI: Y a-t-il quelqu’un avec qui vous rêvez de collaborer?

PHYNO: Pour être honnête, il y a des gens que j’admire et avec qui j’aimerais travailler sur un album. Après, je fais partie de ces personnes qui voient la musique comme une chose spirituelle. Je ne vais pas mettre quelqu’un sur le disque juste parce que je l’aime bien. Il faut que ça matche avec le mood du projet pour avoir un résultat optimal. Sinon ça n’a pas d’impact et ça ne donnera pas le même résultat.

ESIMBI: Vous avez eu un rôle dans le film LIONHEART , était-ce votre premier rôle en tant qu’acteur? Et comment avez-vous vécu cette expérience?

PHYNO: LionHeart était ma première et seule expérience en tant qu’acteur.(Rires) Je n’ai jamais fait de film dans ma vie, jamais. Quand ils m’ont approché pour ce rôle, j’ai répondu que je n’avais jamais fait ça avant et que je ne voulais pas le faire. Mais ils ont insisté et je me suis dit “Pourquoi pas”. En lisant le scénario et en voyant le casting ça m’a conforté dans ma décision. J’espère que je n’ai pas été trop mauvais (Rires). C’était mon premier rôle et je n’ai pris aucun cours. Mon professeur, c’était Genevieve Nnaji sur le plateau. J’ai tourné beaucoup de clips dans ma vie, mais c’était différent parce que le clip fait partie de mon art, donc je maîtrise. Être acteur , c’est jouer le rôle de quelqu’un d’autre à partir d’un scénario. Jouer un personnage , c’est totalement différent. Ce n’était pas facile mais c’était une belle expérience et je me suis amusé à le faire pour être honnête.

ESIMBI: Est-ce qu’on vous verra plus au grand écran?

PHYNO: Oui mais pas maintenant . Je suis ouvert à l’idée . Mais là , j’ai envie de me concentrer sur ma musique. Après je pourrais reléver le challenge si on me propose un rôle différent , et que j’accroche , je sauterai sur l’occasion! Mais vous pouvez définitivement ajouter acteur à mon CV.

ESIMBI: Parlons du PhynoFest , votre festival. Pourquoi avez-vous lancé ce festival? Quelle était l’idée derrière?

PHYNO: J’aime ce que je fais. Parfois , je me reveille et je me dis “Okay c’est quoi la prochaine étape. Mais encore une fois , c’est pour l’amour de la musique que je fais ce que je fais. Donc, je n’ai at’à penser à la façon dont j’ai commencé et au chemin que j’ai parcouru. La seule façon dont j’aime m’exprimer est à travers la musique. Donc, mon plus grand souhait pour moi-même est de continuer à grandir car il n’y a pas de limite à la connaissance en fin de compte. Donc, je veux juste continuer de grandir. Je veux laisser un héritage qui va durer pour toujours , même si je ne suis plus là . Je veux juste inspirer , faire de la musique et parler aux gens.

ESIMBI: Plus tôt , vous avez parlé des personnes qui vous inspirent , qui sont ces personnes?

PHYNO: Un grand nombre de personnes. Je ne suis pas un bagarreur mais Floyd Maywheater m’inspire beaucoup par exemple. Quand vous regardez son palmarès et vous voyez ce qu’il est même maintenant qu’il est à la retraite, c’est impressionnant . J’aime bien les artistes comme Drake aussi . Ce sont des artistes qu’on ne peut pas catégoriser. Drake, on ne peut ni le mettre dans la catégorie des rappeurs ou des chanteurs. J’aime les gens comme ça. Tu les regardes et tu vois qu’ils s’arrêtent seulement quand ils le décident et pas parce qu’ils sentent que leur temps est écoulé.

ESIMBI: Que voudriez-vous que la génération future dise dans 50 ans de votre musique?

PHYNO: je veux qu’ils écoutent ma musique et qu’ils se disent “YO! Il assure” . Je veux que cette génération écoute mes chansons comme on écoute Michael Jackson ou Bob Marley, aujourd’hui . En écoutant ces gars-là , on voit bien à quel point ils étaient spéciaux. Je veux dire que l’héritage soit d’écouter ma musique comme des classiques. Qu’ils se disent , “p****!, Ils assuraient à l’époque” . C’est ça aussi la musique , être capable de parler à la génération suivante.

ESIMBI: Avez-vous des projets pour vos fans en France ou dans les pays francophones africains?

PHYNO: Bien sûr . Je prépare ma tournée européenne pour l’année prochaine. Je viendrais certainement en France. Et je suis prêt à me produire dans n’importe quel pays d’Afrique francophone, comme le Congo auquel je pense beaucoup . J’aime tous ceux qui me soutiennent et je suis prêt à les rencontrer, où qu’ils soient.