IMANE NOUR

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D’origine marocaine et vivant à Pointe Noire, Imane Nour est aujourd’hui une femme d’affaires accomplies qui souhaite établir son entreprise au delà des frontières de l’Afrique.

Elle possède trois entreprises au Congo et souhaite encourager les jeunes femmes à entreprendre et vivre pleinement leurs rêves ! 

Parlez nous de vous, de votre enfance, de vos études ? 

Parler de ma propre expérience n’est pas synonyme d’un storytelling. Ma vie a toujours été celle d’une fille issue d’un milieu familial ordinaire où joie et convivialité étaient, Dieu merci, omniprésentes. Je suis née le 6 juin 1988, à Fès. Une ville dans laquelle j’ai passé toute ma vie avant de déménager dans mon deuxième pays le Congo Brazzaville. Au cours de l’été même où j’ai eu mon baccalauréat, je me suis mariée. J’avais 18 ans. Disons que le destin a été orchestré de façon incroyable pour que je puisse vivre ce rêve aujourd’hui à Pointe Noire et réaliser le continuum de mes objectifs escomptés.

Vous êtes propriétaire de 3 entreprises à Pointe Noire au Congo. Pourquoi avoir choisi cette ville pour entreprendre ? 

J’ai rejoins mon mari quelques semaines après notre mariage à Pointe Noire. Ma vocation commerciale dédiée à cette ville est née au moment où je me suis installée au Congo. Un pays qui a ouvert ses portes à une jeune fille marocaine nouvellement mariée qui s’est éloignée à des milliers de kilomètres de sa famille qu’elle n’avait jamais quitté auparavant, afin de se retrouver au cœur d’un grand pays, de par son histoire et ses institutions. J’ai été bien accueilli et mon mari m’a toujours épaulé dans mes démarches. Je ne me suis jamais imaginée comme une femme au foyer. L’esprit entrepreneurial m’a toujours hanté avant de tomber sous le charme de la ville de Pointe-Noire qui regorge d’opportunités d’investissements. C’était aussi une manière de joindre l’utile à l’agréable, que de mettre en place graduellement mes sociétés dans cette ville.

Parlez nous de vos entreprises ?

Commençons par l’immobilier, ce métier passionnant qui a constitué mon premier choix d’investissement et que je n’ai jamais regretté. L’immobilier est le futur de l’investissement, donc autant s’y mettre aussitôt que possible. C’est un domaine qui crée un contact direct du commercial avec des clients ayant des exigences qu’il faut satisfaire. Mes clients sont souvent mobilisés par une idée préétablie du choix de son futur logement ou bureau, qu’il préservera pour une longue durée généralement, d’où la difficulté de le convaincre d’acquérir un bien immobilier s’il ne répond pas à l’ensemble de ses besoins (emplacement, superficie, architecture, etc…). Dans ce métier, il faut être très patient, courageux, persévérant, perfectionniste, et surtout, aimer les gens.

Pour ce qui est du spa et du restaurant, ces deux métiers sont rythmés ! La gestion des plannings, le suivi des caisses, la gestion des stocks, la commande du matériel, l’analyse des résultats du Centre sont autant de contraintes auxquelles il faut trouver rapidement et efficacement des réponses. Il faut aussi encadrer, conseiller, superviser… cela nécessite du marketing, de la communication, de l’innovation sans oublier la responsabilité du fonctionnement technique du spa.

Selon-vous, quels sont les opportunités et réalités qui attendent les Africains qui souhaitent aller au Congo pour ouvrir leur entreprise ? 

Créer son entreprise, que ça soit au Congo ou ailleurs, demande beaucoup de temps et d’énergie. Il y aura des hauts et des bas, quelques mauvaises nouvelles et un peu de fatigue pourront vous démotiver. Mais croyez en votre projet et ne baissez pas les bras ! Sachez vous entourer de personnes (conjoint, amis, famille, associés, conseillers…) qui croient en vous et savent vous booster à nouveau dans les moments difficiles.

Le marché de l’immobilier est-il aussi lucratif qu’autrefois ? 

Vous savez le piège dans lequel peut tomber tout investisseur est de croire qu’un marché (tout secteur confondu) est lucratif assidûment : il y’a toujours des risques et des défis à relever dans tous les domaines. La vie est basée sur cette dichotomie du gain et de la perte. Donc pour répondre à votre question, Oui le marché immobilier est encore lucratif mais difficilement, pour cela une veille, à la fois active et passive, doit être appliquée pour connaitre les besoins des clients et les satisfaire.

Quels sont vos conseils pour les acheteurs afin d’acquérir leur premier bien immobilier ? 

Veillez à ce que le vendeur vous communique toutes les pièces essentielles et assurez-vous de leur conformité. Choisir l’emplacement en premier lieu, et connaître son secteur et les prix actuels du marché local.

Que signifie “le mois de la femme pour vous” ? 

La femme doit être honoré tous les jours !! Je suis du genre à croire à la parité des chances, à la compétence et à la méritocratie abstraction faite du sexe, de la nationalité ou de l’appartenance religieuse. Je suis une citoyenne du monde qui croit surtout à la persévérance légale et décente. Je pense aussi que la chance ne tombe pas du ciel mais elle se provoque. Le mois de la femme est un mois d’unité, de célébration, de réflexion, de défense des droits et d’action observée dans plusieurs pays à travers le monde.

«L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable», qu’en dites-vous ? 

Je pense que sur le fond, si on parle de compétences, il n’y a pas de distinguo à faire entre les hommes et les femmes. 

En revanche, les femmes peuvent apporter leur touche sur la forme. Elles sont peut-être davantage pédagogues, auront certainement plus de facilité à faire face à un événement extraordinaire. Du coup, c’est une illusion de croire que l’homme peut vivre sans la femme ou que la femme peut vivre sans l’homme sur cette planète.

Auriez-vous éventuellement envisagé d’avoir une autre carrière ? 

En tant que femme active dans le domaine des investissements, je suis ouverte à toutes les propositions qui peuvent contribuer au développement du pays dans lequel je vis depuis presque 16 ans. Certes, je pourrais un jour changer de domaine d’investissement, le milieu commercial fait partie intégrante de ma vie. Je ne me suis jamais imaginée travailler pour percevoir à la fin du mois un salaire. J’ai toujours voulu avoir un travail où je pourrais fixer mon calendrier à ma guise tout en assurant du temps pour mon mari, mes deux filles, ainsi que mes autres projets.  

Votre famille vous a t’elle soutenu dans votre choix de devenir entrepreneuse ? 

Incontestablement, mon mari m’a toujours épaulé depuis mon installation au Congo, au niveau personnel et entrepreneurial. Je me rappelle encore de mes débuts où c’est lui-même qui me réveillait pour aller à l’agence à temps ou me rappelait des rendez-vous que j’avais tendance à oublier (faute de débutante bien-sûr).

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontré ? 

À l’instar de toute personne voulant débuter un projet sans le connaître réellement, j’ai eu ce réflexe de me mettre dans le domaine de l’immobilier pour grimper les échelons. Ainsi, le jour où j’ai opté pour l’ouverture de mon agence, j’avais d’ores et déjà un arsenal d’expérience que j’ai pu acquérir en faisant des formations, en travaillant en tant que stagiaire puis employée dans quelques sociétés à Pointe Noire.

Pouvez-vous nous décrire la vision derrière votre entreprise ? 

Répondre aux besoins de nos clients dans un secteur que nous maitrisons amplement !

Parlez-nous de l’anecdote concernant le choix du nom de votre restaurant ? 

« Il était une fois » est une expression qui, dans la tradition populaire, introduit un conte. Elle nous emporte dans un passé non défini et à l’univers du merveilleux… voilà d’où vient le nom du spa et du restaurant.

J’ai voulu créer un endroit où la relation client Spa est plus que commercial, c’est un lieu de détente ou de repos pour les personnes voulant fuir momentanément les aléas de la vie, du bruit, de la pollution tout en sortant après un bon hammam, massage ou tout autre soin esthétique boosté d’énergie. J’ai voulu que la légende des fameuses belles histoires commençant par « il était une fois » soit une réalité vécue au présent et partagée avec les personnes qu’on aime. C’est donc un endroit unique de par sa décoration, ses couleurs, et l’architecture traditionnelle marocaine.

Si vous pouviez revenir en arrière, y’a t’il quelque chose que vous aimeriez changer ? 

Le passé est derrière moi, ce qui m’intéresse c’est de vivre mon présent en compagnie de ma famille et mes proches afin de programmer rationnellement mon avenir. Du coup, je ne veux absolument pas changer quelque chose dans mon passé.

Avez-vous d’autres grands projets pour 2022 ? 

La meilleure façon de prédire l’avenir c’est de le créer.

Quels seraient vos conseils aux jeunes femmes qui souhaitent, comme vous devenir entrepreneuses ? 

Je ne sais pas si je suis bien placée pour donner des conseils, mais ma modeste expérience m’a permis de retenir quelques leçons que je peux partager avec les lecteurs. D’abord, il faudrait croire, dur comme fer, en ses rêves. Martin Luther King disait à juste titre : « Croyez en vos rêves et ils se réaliseront peut-être. Croyez en vous et ils se réaliseront sûrement ». Donc, quelles que soient la nature et l’ampleur des obstacles que vous pouvez confronter, il ne faudrait jamais baisser les bras. Il faudrait s’armer d’optimisme et voir la vie, toujours, à travers un rayon de soleil. Néanmoins, l’optimisme et l’ambition sans labeur ne peuvent conduire que vers la ruine. Ils devraient être accompagnés de travail, d’effort et de persévérance qui, pour moi, est le meilleur talisman pour la vie.