Kamala Harris : l’étoile montante des États-Unis

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Kamala Harris

Fille d’immigrés, Kamala Harris est à 56 ans, la première femme de couleur à accéder au poste de vice-présidente des États-Unis. Dotée d’un leadership naturel, et d’une ténacité à toute épreuve, celle que l’on appelle « l’Obama girl californienne » démontre qu’il est possible de briser les plafonds de verre dans un pays où les discriminations raciales subsistent encore. Histoire d’une ascension hors du commun. 

Une enfance baignée dans le militantisme

L’ascension de Kamala Harris tire son origine de son enfance. C’est en 1962, au campus de Berkeley, l’un des principaux foyers de contestation contre la guerre du Vietnam et des discriminations raciales, que ses parents se rencontrent pour la première fois. Donald Harris et Shyamala Gopala sont tous deux issus d’ex-colonies britanniques. Son père vient de Jamaïque, et a quitté son île d’origine dans le but d’obtenir un doctorat en économie. Sa mère, quant à elle, est originaire d’une famille de haute caste du sud-est de l’Inde. Elle quitta l’Inde à 19 ans, afin de poursuivre des études en nutrition et endocrinologie au sein du campus de Berkeley.

Deux ans après leur rencontre, au sein de la ville d’Oakland, le berceau des « Black Panthers », le couple donne naissance à Kamala, puis accueille deux ans plus tard sa sœur Maya. Ils divorcent lorsque Kamala a sept ans.

Engagés politiquement en faveur des droits civiques, ils manifestaient régulièrement pour défendre la cause des noirs. 

Alors qu’elle vit dans un quartier majoritairement noir, elle participe à un programme destiné à lutter contre les ségrégations dans les écoles. Très contesté à l’époque, ce programme consistait à emmener chaque jour, des enfants noirs dans des écoles réservées aux blancs et où le niveau scolaire était meilleur. 

Les jeudis soir, sa mère l’emmène dans un centre culturel noir, « le Rain Room », au sein duquel étaient exposés les grandes figures des causes afro-américaines telles que Nina Simone, Maya Angelou, et Shirley Chisholm, la première candidate noire à la présidentielle aux États-Unis. 

Des débuts en politique mitigés 

En 1982, elle entame des études en sciences politiques au sein de l’université d’Howard, fondé pendant la ségrégation pour former des afro-américains. Durant cette période, elle manifeste tous les week-ends contre l’apartheid en Afrique du Sud. 

Suite à son cursus en sciences politiques, elle fait des études de droit, puis choisit de retourner à Oakland, afin de commencer sa carrière. Elle intègre le bureau du procureur en 1993, et y reste huit ans. Consciente de son potentiel, les ambitions de Kamala évoluent. Elle déménage à San Francisco et tisse des liens avec le maire de San Francisco. Elle est recrutée au tribunal de ville, mais son rêve à cette époque, était de devenir procureur. Elle se présente en 2003 pour la première fois, face à deux personnes qui avaient déjà été élues. Elle défie les pronostics et remporte la victoire. Alors que tous les procureurs étaient des hommes blancs, Kamala Harris devient à 39 ans, la première femme de couleur procureur de San Francisco. Malgré cette première victoire, ses débuts en tant que procureur furent mitigés. Ses convictions sont souvent contestées. Quelques mois après sa prise de fonction, un jeune père de famille est tué en pleine rue. Kamala Harris refuse d’appliquer la peine de mort contre le tueur, et préfère l’envoyer en prison, au risque de se mettre à dos les officiers de police. Ce choix a été longtemps remis en cause par la police et a provoqué beaucoup d’indignation. 

Or, pour avancer dans sa carrière, elle devait être entourée d’alliés. Elle fait tout pour se réconcilier avec les forces de l’ordre et décide de se montrer inflexible face aux criminels. Sa dureté lui permet d’être élue procureur de Californie. 

Autant admirée, que méprisée, la jeune procureur est perçue comme une femme carriériste, préférant bafouer ses convictions dans le but d’atteindre ses ambitions. En 2012, un jeune adolescent afro-américain du nom d’Alan Blueford fut assassiné par un policier à Oakland. D’après des investigations, l’officier de police à l’origine du meurtre était un vétéran d’Irak souffrant de stress post-traumatique et s’était déjà fait renvoyer de la police de New-York. Il n’a pas été poursuivi pour le meurtre, et ce, malgré les nombreuses contestations initiées par les parents d’Alan. La seule réponse que Kamala fournit aux parents du défunt, est qu’aucune action supplémentaire ne sera engagée. 

Malgré ces torts, elle a réussi à être propulsée grâce à la ténacité dont elle a fait preuve, lorsqu’elle s’en est prise aux banques responsables de millions d’expropriations après la crise des subprimes. Déterminée à aider les victimes, la procureur de Californie refuse de signer l’accord proposé pour indemniser les petits propriétaires, car elle souhaitait un montant plus élevé. Suite aux négociations, elle réussit à obtenir 10 fois plus d’argent que ce qui était prévu, soit 40 millions de dollars. 

Son entrée officielle en politique

Après avoir exercé durant une décennie en tant que procureur, son ambition est de devenir la prochaine sénatrice de Californie. En 2016, l’année où Donald Trump accède à a maison blanche, Kamala Harris remporte devient la première sénatrice originaire d’Asie du Sud et la deuxième sénatrice noire de l’histoire. 

Future Présidente?

Connue pour sa fermeté lors des interrogatoires, elle n’hésite pas à se montrer intransigeante lors de plusieurs auditions publiques avec les proches du président.

Bien que son parcours soit admirable, Kamala Harris n’a pas dit son dernier mot. Son but ultime : devenir présidente des États-Unis. Pour ce faire, elle met tout en œuvre pour bâtir une stratégie de communication impactante. Elle publie une biographie, se met davantage en avant avec son époux, l’ancien avocat Douglas Emhoff, participe à des talk-shows, … tout est ficelé dans les moindres détails.

Pour annoncer sa candidature, elle choisit le jour férié qui commémore la mort de Martin Luther King, et le lieu, l’université Howard où elle a étudié. Puis elle revient à Oakland pour son premier meeting. 

Lors de son discours, elle cible Donald Trump et affirme sans pudeur qu’elle est déterminée à le remplacer. 

Soupçonnée de manquer d’authenticité, elle est battue par Joe Biden pour l’investiture démocrate. Mais celui-ci la choisie comme colistière en 2020. 

Aujourd’hui, Kamala Harris est la première femme de couleur vice-présidente des Etats-Unis, mais elle ne compte pas s’arrêter là. Au vu de l’âge avancé du président Joe Biden, les chances qu’il brigue un second mandat sont minimes, ce qui donnerait la possibilité à Kamala Harris de devenir potentiellement, la future présidente des États-Unis en 2024.