Déborah Mutund, de Kolwezi à la tête des médias en Afrique

« Ne vous excusez pas d’être africain. Bousculez les codes pour faire entendre vos idées » 
— Déborah Mutund


Connue pour ses présentations dans le Talk Show le plus populaire d’Afrique Francophone, Le Chœur des femmes, dont elle est la présentatrice, Déborah Mutund est une Wonder woman avec plusieurs cordes à son arc. Cover de cette édition, l’une des sœurs Mutund s’est confiée à la rédaction d’ESIMBI Magazine où elle nous a parlé de sa carrière devant la caméra, l’importance et l’impact de l’entrepreneuriat en Afrique, mais également de ses projets futurs, notamment dans le Cinéma.

Propos recueillis par Josué Ngoyi


Esimbi Magazine: Une carrière prospère, mannequin curvy accomplie depuis 10 ans, Déborah MUTUND une autre casquette vous va tout aussi bien, celle d’entrepreneur. À quoi aspirez-vous dans cet univers ?


Déborah Mutund : Je dirais : « à plus de diversité et d’inclusion ». Le milieu de l’entrepreneuriat est comme vous le savez challengeant, cependant, je pense qu’il est possible, quels que soient nos origines, genres et croyances de réussir ainsi que de se faire une place dans les domaines dans lesquels l’on souhaite entreprendre. J’aspire à un univers où des passerelles sont créées pour permettre à plus de personnes de changer leur quotidien et celui de milliers d’autres personnes. Ce n’est que de cette façon que nous construirons un monde meilleur.


E.M : Vous co-fondez avec vos sœurs, Josepha et Manuella Mutund, le salon "Josepha Cosmetics" qui connaît un fort succès à Kinshasa et faites brillamment votre entrée dans le secteur très concurrentiel de la beauté et du cosmétique. Comment êtes-vous
arrivé à vous faire une place ?


D.M : Je dirais que la nature a simplement suivi le cours des choses. Mes sœurs et moi,
sommes animées par la même poigne de réussir. On se soutient mutuellement dans tout ce que nous entreprenons et nous sommes toutes passionnées par le secteur de la beauté. Nous avons travaillé d’arrache-pied et nous n’hésitons pas de nous inspirer de nos différents parcours afin de créer cette complémentarité qui fait toute la différence. Aussi, il faut dire que chacune de nous accorde une importance particulière à son image. Nous n’essayons pas de vendre un mythe, nous sommes des personnes authentiques avec de fortes personnalités. Cela nous a naturellement permis de nous démarquer par notre savoir-faire et pour notre savoir-être afin de nous hisser parmi les références du paysage panafricain.


E.M : Concilier affaires et famille est parfois perçu comme un échec d’emblée. Pourtant vous relevez le défi avec brio. Pour vous, qu’est-ce qui a facilité votre progrès et vos démarches ?


D.M : Ma famille est très compréhensive et nous nous soutenons les uns et les autres dans tout ce que nous entreprenons. C’est l’amour que ma famille me porte au quotidien qui me permet de repousser mes limites et d’atteindre mes différents objectifs. Elle m’a laissé nourrir et poursuivre chacun de mes rêves. Et aussi loin que j’irai, ma famille «sera toujours présente. Ils sont ma force.»


E.M: Vous êtes un exemple de réussite "Made in Africa", vous passez toute votre scolarité en Côte d’Ivoire avant d’être diplômée en relations publiques et gestion de la communication à Varsity College à Cape Town en Afrique du Sud. Entièrement formé sur le continent avec une réussite professionnelle admirable, quel message peut-on tirer de votre
parcours ?


D.M : Le succès et le rêve se construisent chez nous. L’Afrique a beaucoup de matière en termes d’infrastructures éducatives. Pour se réapproprier notre économie, il faut apprendre à connaître les réalités pour pouvoir se la réapproprier. Cette fierté que j’ai à dire que je viens de la RDC ou de l’Afrique, je la tire du fait que j’ai grandi sur le continent. Il y a des opportunités qui sont propres au continent et on ne peut pas les saisir en étant à l’extérieur. C’est une toute-autre réalité. En somme, le message c’est “Yes We Can”.


E.M : Vous auriez pu vous reposer sur vos lauriers avec une carrière professionnelle aussi complète que la vôtre, que représente pour vous d’être ambassadrice d’initiatives sociales ? Quelles sont celles que vous soutenez en ce moment ?


D.M : Il y a tellement de choses à faire qu’il m’est impossible de me reposer sur mes lauriers car j’ai tant à offrir et transmettre à ceux dont je suis le model. J’attache une valeur sentimentale à chacune des initiatives sociales que je soutiens car je reconnais une Déborah qui autrefois a été confrontée aux problématiques qu’on essaie de résoudre. Pour moi, être ambassadrice, ce n’est pas qu’un statut. C’est prêter ma voix, à toutes ces personnes qui ne peuvent se faire entendre et qui ont besoin qu’un regard soit tourné vers eux. J’ai récemment rejoint Women Working For Change, en tant qu’ambassadrice RDC, qui est une plateforme de +1000 femmes dirigeantes du continent africain qui militent activement contre les inégalités dans le secteur privé africain. Cette plateforme va me permettre d’amplifier mes messages qui concernant nos défis et opportunités dans la sphère des affaires « au féminin » au sein d’un réseau puissant.


E.M : Une carrière qui se veut prometteuse se dessine pour vous à l’horizon, vous êtes actrice dans la série "Les coups de la vie" diffusée sur la chaîne de télévision A+, comment s’est fait l’introduction dans l’industrie du cinéma ?


D.M : Merci. Oui, j’ai été actrice dans la série “Les coups de la vie” mais j’ai dû arrêter car je suis tombée malade. J’ai aussi eu une proposition pour tourner dans une série de Konnie Touré, que je pense d’ailleurs accepter. Le cinéma finalement a été un peu comme un autre plan de l’univers des médias que j’ai eu envie de tester. Je rencontre énormément de réalisateurs grâce à mon statut de chroniqueuse, et ces derniers aussi me remarquent. Je pense que j’ai suscité et intrigué beaucoup de réalisateurs qui ont voulu créer des personnages que je devais incarner. J’aime beaucoup l'idée de me transcender, d’être un nouveau personnage. Ça fera peut-être une nouvelle carrière aussi.


E.M : Parlant de vos talents d’actrice, être présentatrice vous a-t-il permis de relever plus facilement le défi d’acteur ?


D.M : Oui, c’est sûr. Mais d’un point de vue technique, il y a des nuances. Il faut savoir qu’en tant que présentatrice, on ne joue pas de rôle et il faut dire qu’on s’adresse à notre auditoire en regardant la caméra alors qu’en tant qu’actrice c’est tout l’inverse. C’est un jeu, c’est un exercice difficile qui s’apprend. Je dirais que ma carrière de présentatrice a été une bonne base pour relever le défi d’actrice.


E.M : Quels sont vos projets en cours ?


D.M : Je travaille en ce moment sur le lancement d’une fondation pour favoriser l’accès à l’éducation pour des jeunes désœuvrés et aussi sur la rédaction d’un mémoire qui sera bientôt disponible.


E.M : En quoi les entrepreneurs peuvent-ils transformer l’économie en Afrique ?


D.M : Un entrepreneur pour moi est une personne qui solutionne un problème afin d’améliorer les conditions de vie d’une population. Des problèmes en Afrique, il y en a à foison, cela dû à la mauvaise gouvernance de nos dirigeants. Prenons par exemple les taux de chômages drastiques qu’on observe dans plusieurs pays et la tranche d’âge de cette population, il s’agit pour la plupart des jeunes. Ne dit-on pas que la jeunesse est le fer lance de la nation ? Je crois que l’entrepreneuriat est un des outils les plus puissants pour l’Afrique aujourd’hui de créer des emplois durables. Ce qui permet d’améliorer les conditions de vie de la classe moyenne.


E.M : Véritable Militante de l’essor de la femme africaine, votre recette de réussite en 3 mots ?


D.M : En 3 mots ? Je pense authenticité, travail et détermination.


E.M : Quels enjeux y’a t-il pour les femmes dans l’entreprenariat plus que dans la suffisance du salariat ?


D.M : Si nous ne sommes pas de nature à prendre des risques, il vaut mieux ne pas se lancer. En effet, de par notre genre, nous partons avec un désavantage. Et si nous regardons la lecture de la société dans laquelle nous vivons, l’égalité hommes-femmes n’est pas encore ancrée dans l’esprit de tous.

« Je crois que toute femme qui se lance dans l’entrepreneuriat doit être consciente de cette réalité et être prête à bousculer les codes pour faire entendre ses idées. »

E.M : Un dernier mot pour nos lecteurs ?


D.M : Ne vous excusez pas d’être africain. Osez être vous, cultivez cette différence. Je pense que c’est essentiel et ce n’est que de la sorte que nous saurons faire rayonner notre continent qui est l’Afrique. Croyez en chacun de vos rêves, poursuivez les et donnez-vous les moyens de réussir.

Credits : 
Merci aux Galeries Lafayette Haussmann, 40 boulevard Haussmann, 75009  et Les Bulles  - La Wellness Galerie.  

Styliste: Tina Lobondi
Photographe: Katrin Aseeva
Coiffeuse: Jennifer Yao
Maquillage: Makeup par Valentino Beauty

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