Introduction : Cinekin est la première salle de cinéma numérique au programmation mondiale de la RDC. Nous avons parlé avec le fondateur Steve Munga, basé à Kinshasa, pour en savoir plus sur ses ambitions.
1. Cinekin est aujourd’hui un endroit incontournable pour les amoureux du cinéma international, comment se passe la sélection des films qui sont à l’affiche ?
Merci pour cette appréciation. Le choix de nos films est effectivement important afin d’assurer une de nos missions, qui est de proposer une programmation internationale. Les studios nous envoient leur « line up ». C’est une sorte de répertoire de tous les films qui sortiront dans le trimestre. Ensuite avec mon équipe, nous choisissons les films les plus attendus, répondant au mieux à nos critères de sélections. A priori, c’est un choix qui semble très subjective mais nous avons créés plusieurs algorithme éprouvés pour nous aider sur ces choix.
2. Que pensez-vous du cinéma Congolais ? Se développe-t-il pour une distribution au-delà de nos frontières ?
CINEKIN a pour ambition de créer la plus grande industrie de production de contenus d’Afrique sub-saharien francophone grâce à des installations modernes et adaptés à l'environnement sur place. Kinshasa étant la plus grande ville francophone du monde, jouissant d'un cadre idéal et d'un potentiel de développement illimité. Elle constitue l'atmosphère parfaite pour démarrer ce projet ambitieux que de créer le Hollywood pour l’Afrique sub-saharien francophone que nous appelons déjà Kollywood. Conscient que l'industrie du cinéma a des coûts aussi bien humains que technologiques. A l’heure actuel, il est difficilement envisageable de s’engager dans ces conditions pour compter uniquement sur les revenus de production. Par conséquence, les producteurs et distributeurs congolais ne bénéficient pas de moyens nécessaires pour assurer une production de qualité qui pourra concurrencer les autres contenus. Cependant, il y’a de l’espoir car nous avons beaucoup de talents locaux. Il faut juste leur donner les bonnes armes pour qu’il se battent. Il est difficile de juger l’intelligence d’un éléphant par sa capacité à escalader un arbre.
Il est donc indispensable de mettre en marche un processus de récolte de fonds en amont de la réalisation d'une œuvre cinématographique par la création de plusieurs salles de cinéma dans nos territoires. Cela constituera un solide appuie pour permettre au cinéma congolais de se développer.
3. Quels mesures selon vous, doivent être mise en place pour que cette industrie rapporte de l’argent et des investisseurs au pays?
Alors c’est une excellent question qui ferait surement un bon débat. Je peux tenter d’y répondre en deux phases. Je vais commencer par répondre sur la deuxième partie de votre question à savoir « ramener des investisseurs dans le pays grâce au cinéma ». J’ai lu quelque part "Le cinéma est un miroir. Celui de notre humanité dans tous ses états. Celui de notre société. L’importance du miroir tient à ce qu’il renvoie. " Pourquoi tout le monde rêve d'aller visiter les États-Unis? Pourquoi Paris est connu pour y être la ville la plus romantique du monde ? Pourquoi le Nigeria est la première économie d'Afrique ? Un point en commun. Le cinéma est au top dans ces pays. Toutes les nations sont valorisées par rapport à la promotion de leurs cultures. C'est de cette appréciation que naissent l'envie des individus à voyager dans un pays pour le visiter, s'installer et surtout y investir. Aujourd'hui, cette promotion est faite majoritairement par le cinéma. Le septième art fait partie de ce marketing nationale. Nulle ne peut mieux vous vendre que vous même. Par conséquence, une nation n'ayant pas d'industrie de Cinéma, n'a pas le contrôle de la promotion de sa culture. Par conséquence, elle sera comme un magasin sans vendeur. Qui a envie d’aller investir dans un pays dont on entend jamais parler ? Ou pire un pays où tous ce qu’on entend dans les médias ne fait que le dévaloriser. (Maladie, guerre, insécurité, etc..) Voilà ce que les médias vendent en occident sur la RDC. L’ironie dans tout ça, est que pour attirer des investisseurs, il faut faire de la promotion de notre pays est l’industrie du cinéma est la meilleure au monde pour cela. Pour avoir une industrie du cinéma, il faut avoir des investisseurs. Donc nous sommes un peu dans le constat de la poule et de l’œuf. La première chose à faire est que plusieurs entrepreneurs courageux prennent les premiers risquent à investir massivement dans plusieurs salles de cinéma. Car le cinéma reste la croisée entre l’offre et la demande pour la consommation de film. Si nous ne créons pas plusieurs salles de cinéma où est-ce que nos producteurs vont-ils projeter leur films ?
Sur la partie quels sont les mesures à prendre ? C’est simple, il ne faut pas réinventer la roue : la plupart des gouvernements dans les pays que j’ai cité, ont compris l’importance de cette industrie. Ils ont donc créer beaucoup de facilités pour aider les investisseurs majeures dans ces industries ( Obtention de terrains, subvention, diminution des taxes, facilité d’investissement, avantages fiscaux, création d’université ). Il suffit de temps en temps de regarder ce qu’il se fait ailleurs comme au Nigeria et l’adapter à notre paradigme.
Nollywood emploie plus d'un millions de personnes pour une industrie pesant 4 milliards de dollars avec entre 1500-2000 contenus créer par an, c'est le deuxième plus grand employeur du pays après l'agriculture. Ils ont fait ça en moins de 30 ans, et aujourd’hui nous avons l’avantage d’avoir internet. Grâce aux plateformes vod, je peux toucher quelqu’un à Mdandaka sans même qu’il se déplace.
4. Parlez-moi de vos débuts, qu'est- ce qui vous a poussé à vous lancer dans un secteur délaissé comme le cinéma à Kinshasa ?
Il faut savoir que j’ai toujours été passionné par le cinéma depuis que je suis petit. Quand je regarde un film, je me renseigne sur tout, les acteurs, les producteurs, la photographie, le scénario, secret tournage, messages du films tout… Par ailleurs, en ayant grandi toute ma vie à l’étranger, en occident, j’ai toujours mal vécu le fait que notre nation était très dévalorisé,. C’est très humiliant. Même quand vous jouez aux jeux vidéos avec vos amis européens ou ivoiriens, camerounais, vous êtiez le seul à ne pas avoir votre pays représenté dans le jeu. Aux infos les nouvelles du Congo étaient vraiment lamentable, sans compter que les ivoiriens et les nigeriens regarde leur films chez eux quand ils vous invitent et moi j’avais rien en retour à vendre. Donc, quand je suis revenu aux Congo en 2015, j’ai découvert un pays tout à fait différent de ce que je pensais. Il y avait des routes, des infrastructures, des buildings, des paysages incroyables, j’ai même trouver le système de télécom plus évolués qu’en Europe. Ca m’a donné l’envie de raconter mon histoires aux autres frères en Europe qui sont dans la matrix, comme j’aime m’amuser de dire. Je me suis dit qu’il fallait qu’on fasse quelque chose.
Et quand j’ai vu qu’il n’y avait pas de salle de cinéma au congo pour 12 millions d’habitant et qu’aucune salle normé n’avait jamais été construit, mon âme d’entrepreneur a vue en ça une opportunité incroyable. De mélanger sa passion, son travail et son devoir en tant que congolais.
5. Vous êtes aussi distributeur de films, avez-vous des projets de production ?
Tout a fait, nous avons une société de distribution pour nos films, d’ailleurs on est prêt à lancer des franchises CINEKIN, il faut juste nous écrire à franchise@cinekin.cd. Concernant la production comme je l’ai dit notre vision est de créer la plus grande industrie de production de contenus d’Afrique sub-saharien francophone grâce à des installations modernes, adaptés à l'environnement et au mode de vie sur place. Mais cela ne peut venir qu’une fois le marché de l’offre du cinéma sera assez conséquent.
6. Quels sont les services offerts par votre société ?
Cinekin a trois écrans de Cinéma au congo pour 665 siéges repartit en deux salles. Nous avons le plus grand écran d’Afrique centrale de 82m2, nous proposons des programmations mondiales de films qui sortent en même temps que les états unis. Cinekin est également le premier complexe de cinéma en Afrique sub-saharien francophone, cela donne l’avantage à nos clients de pouvoir voir plusieurs films toutes les heures. Nous avons également une carte CINEBONUS qui permet d’avoir des points bonus à chaque fois que vous achetez des produits dans nos complexes tout en ayant une réduction de 25% sur chaque achat. Bientôt nous allons ouvrir 2 autres complexes, nous cherchons des investisseurs pour compléter notre lever de fond.
7. Avez-vous un top 5 de vos films préférés ?
Ouf, question vraiment très difficile, je vais surement oublier des tas de films. Mais je dirais par genre alors.
✓ Ready Player One
✓ Scarface
✓ Matrix
✓ Lion
✓ L’incroyable histoire de Benjamin Button
8. Où souhaitez-vous voir Cinekin dans les 10 prochaines années ?
Dans les habitudes de loisirs de 70% des congolais.
Un réseaux de salles de cinéma de plus d’une vingtaines de salles. Et pour finir par la grâce de Dieu, la première société de production en Afrique sub-francophone.
9. Un conseil pour les jeunes qui souhaitent se lancer dans le secteur en tant qu’acteur ou réalisateur ?
Apprenez un maximum de choses sur le métier avant de vous lancer. Essayez de voyager pour découvrir ce qui se fait ailleurs. Si vous avez des réalisations en cours venez nous voir en écrivant ici steve@mskdistribution.com , nous pouvons toujours sortir vos films dans nos salles. C’est déjà un début.