KIVU INTERNATIONAL SCHOOL
Pourriez-vous nous parler des fondateurs et des circonstances qui ont menés à la réalisation de ce projet d'école?
L'éducation est un facteur clé du développement d'une nation. Malgré les efforts du gouvernement, la RDC, en l'occurrence, compte près de 7 millions d'enfants en dehors de l'école et connait un retard d’infrastructures dans ce secteur. Bismack Biyombo, Vanessa Jados et moi (Dario Merlo Kasuku) avons jugé utile de contribuer à la construction de notre pays de cette manière.
Avez-vous rencontré des difficultés lors de la mise en place de cette école ?
Il a fallu beaucoup d'énergie, de volonté et de concentration pour construire cette école en un temps record de 13 mois. Les équipes ont travaillé jour et nuit sans interruption. Parallèlement à cela nous travaillions sur le projet éducatif de l'école, les programmes à mettre en place, les partenariats pour que le projet voit le jour.
Ensuite, ce fut difficile de mettre en place une équipe pédagogique compétente alors que l'école n'était même pas encore terminée. Enfin, le projet a nécessité des ressources financières importantes qu'il n'a pas été facile à mobiliser.
Pourriez-vous nous dire la raison pour laquelle vous avez décidé de construire l'école à Kivu et non dans une autre ville ?
Il fallait commencer quelque part et c'était un besoin pour la ville de Goma. Le Nord Kivu est souvent considéré comme une zone à risque, on voulait montrer que malgré les défis on peut faire de belles choses à l'image de notre pays. Nous projetons d'en construire davantage dans d'autres villes de la RDC. Le début de la construction d'une autre école dans une autre province ne devrait pas tarder à l'initiative de Bismack Biyombo.
Comment la population locale a-t-elle réagit par rapport à la construction de l'école ?
Nous avons reçu beaucoup d'encouragements et quelques critiques aussi principalement liées au coût de scolarité qui reste faible par rapport aux écoles offrant les standards d'infrastructures et d'éducation de KIS mais ça nous a amené à réfléchir sur un programme de bourse d'excellence qui favorise l'intégration de tout le monde ainsi que des étudiants les plus brillants de la région. Près de 25% des jeunes sont boursiers. Pour le quartier dans lequel est construit l'école, c'est un facteur important de développement et d'ouverture. Les habitants en sont très fiers. Nos autorités ont soutenu le projet dès le premier jour et tout le monde comprend bien l'importance d'une éducation de qualité.
Quels ont été vos critères de sélections pour déterminer le cadre enseignant ?
Leurs qualifications, leur compréhension et l'adhésion au projet éducatif, la passion et l'amour pour la RDC et la jeunesse, leur ouverture sur le monde, leur compréhension du rôle de la RDC dans un monde complexe et global. Le métier d'enseignant est déterminant si on veut voir la RDC émergée. Les professeurs ont la lourde responsabilité de former des générations et d'être des modèles dans un si beau pays. Nous attendons d'eux qu'ils démontrent une attitude exemplaire et un sens élevé des valeurs telles que l'intégrité, le travail... Nous recherchons des enseignants supplémentaires pour la rentrée 2018 car nous ouvrons le cycle secondaire. Il est possible de postuler en ligne ou par email à l'adresse suivante: secretariat@kisdrc.net
En quoi votre école se démarque-t-elle de celles qui sont déjà en place ?
Le projet éducatif qui s'articule autour des aspects suivants devrait permettre aux enfants de devenir les acteurs de la reconstruction de leur pays : Apprentissage & découverte, développement personnel et vivre ensemble, santé, art et sport, environnement, culture médias et nouvelles technologies mais aussi le cadre scolaire est unique. L'école est située au bord du lac Kivu avec des infrastructures qui n'ont rien à envier aux plus belles écoles à travers le monde. Le centre culturel et les classes ont une vue imprenable sur lilas et les montagnes - de quoi inspirer les enfants à avoir une vision et à surmonter les obstacles dans la vie.
Combien d'enfants sont inscrits actuellement dans votre école ? Quel programme scolaire suivent – ils ?
Il y a une centaine d'enfants qui suivent simultanément le programme national ainsi qu'un programme belge principalement pour des raisons d'équivalence de diplômes. C'est d'ailleurs très intéressant pour les enfants car dans certaines matières les programmes sont plus exigeants en RDC et dans d'autres les programmes étrangers sont plus élaborés. En histoire et en géographie, les enfants apprennent doublement sous des angles multiples, ce qui est une richesse dans leur développement. Au final nos enfants deviennent des citoyens du monde. Il est à noter que les enfants ont aussi des cours de Swahili et d'anglais et nous prévoyons d'intégrer d'autres langues dans le futur.
Avez-vous des programmes artistiques ? Si oui, pouvez-vous nous en parler ?
L'art est une activité clé dans l'apprentissage. C'est un facteur d'expression de soi, de développement de la créativité et d'intégration dans un groupe. Les élèves ont des cours de chants, de théâtre, de dessin & peinture. Nous avons une chorale au sein de l'école et l'un de nos professeurs est l'une des plus grandes cantatrices de notre nation : Harly Bisei. La RDC est une nation d'art. Il suffit de voir les peintres, sculpteurs, musiciens, danseurs que nous produisons. Il aurait été absurde que KIS ne contribue pas à faire émerger ces talents intrinsèques. Nous avons pour se faire construit au sein de l'école un centre culturel qui pourra accueillir des expositions et représentations d'artistes tout au long de l'année dès la rentrée 2018.
Lors des inscriptions, avez-vous des critères quant à la sélection des élèves ? Leur note ? Leur comportement ? Ou autres ?
Les bulletins des écoles précédentes ; pour certains élèves des tests d'entrée pour évaluer leur niveau ; les enfants doivent aussi adhérer au projet éducatif. Ils ont d'ailleurs après quelques semaines développé leur propre règlement des élèves.
Pensez-vous que votre école va combler le manque d'éducation auquel fait face la population congolaise ?
Elle va y contribuer - mais plus d'investissements doivent être consentis pour y remédier plus efficacement à l'échelle d'une nation.
Quel impact pensez-vous créer dans l'éducation congolaise ?
Que cette école inspire d'autres à en construire plus et de meilleures encore et que les enfants qui auront étudié ici soit enthousiaste pour le futur de leur nation qu'il ne tient qu'à eux de construire.