Lancée il y a près d'une dizaine d’années avec en son actif 2 albums et 4 singles, la sœur Dena Mwana de son vrai nom, Denise Mwanakitata Muwaji est une chanteuse, compositrice et interprète devenue incontournable dans le monde du Gospel tant Congolais qu'occidental. Le magazine ESIMBI s'est récemment entretenue avec elle pour en savoir un peu plus sur sa carrière. Nonobstant cela, la musique n'était pas l' unique point à l'ordre du jour mais aussi la Femme, où Dena nous a donné son point de vue sur le 8 Mars.
ESIMBI Magazine: Comment êtes-vous tombé dans la musique ?
Dena Mwana: J'ai commencé à chanter depuis toute petite, je devais avoir 8 ans. Quelques années plutard, je me suis inscrite dans une chorale classique catholique. De là, j'ai été formé à tel point qu'on m'a donné des rôles assez importants dans la chorale. La musique est une passion qui a grandit en moi. Je me suis lancée avec ceux qui m'accompagnaient, entre autre Monsieur Rigobert, professeur à l'INA qui lui jouait de la contre Bass. Il m'avait demandé de créer un groupe de musique qui s'appellera "A Cappela". C'est un peu comme ça que ma carrière a commencée.
E.M: Quel est l’important message que vous essayez de transmettre à travers votre musique ?
D.M: Il y a eu beaucoup de changement depuis que j'ai commencé la musique. Quand j'ai débuté avec mon groupe, nous parlions de la Femme, de l'enfant, des faits de société bref tout ce qui se passait autour de nous. Et quand j'ai accepté Jésus-Christ comme seigneur et sauveur en 2006, j'ai carrément changé ma vision et mon message était plus centré sur Jésus Christ qu'autre chose. Quand je dis Christ je parle de la foi, une rencontre personnelle et aujourd'hui particulièrement. Je parle du saint esprit en tant que personne vivante et celui qui nous donne la capacité de vivre, le Christ.
E.M: A quel type de difficultés avez-vous fait face lors de vos débuts ?
D.M: Comme dans tous les métiers, nous rencontrons beaucoup de difficultés. Nous sommes à Kinshasa et mes premières difficultés étaient d'arriver au studio pour enregistrer. Celui qui m'avait servi pour mon premier album était au campus de l'Unikin et je devais prendre des taxis bus, c'était très pénible. L’autre problème était d’avoir des instruments qu'il fallait au moment voulu, sans oublier les difficultés financières par rapport à la production, vue que c'était mon premier Album et que je n'avais pas encore de producteur.
E.M: Très suivie sur les réseaux sociaux, cela prouve à suffisance que vous êtes une leader d’opinion. Quelles actions posez-vous pour arriver ou essayer de changer la femme africaine ?
D.M: Le Femme, la changer? ... ( Rires ). La Femme est un être très très particulier qui a beaucoup trop d'atouts pour la changer. Je pense que ce que je fais jusque là, pas seulement avec la Femme mais avec les jeunes filles et ceux qui m’entourent, c'est de pouvoir leur faire comprendre la valeur qu'ils ont. Je ne vise pas particulièrement les femmes mais les gens qui me suivent, les jeunes en particulier. Je suis du genre à encourager les gens à savoir qui ils sont afin de pouvoir mieux entrer dans leur destinée.
E.M: Si ce n’était pas la musique, qu’auriez-vous fait dans la vie ?
D.M: Étant petite, je disais souvant que j'aimerais devenir avocate parce que j'avais et que j'ai encore ( Rires ! ), l’habitude de défendre les gens facilement. J’ai aussi voulu être enseignante à l'école pendant un petit temps de ma vie.
E.M: Comment vous voyez-vous dans 5 ans ?
D.M: J’aimerais d’abord ajouter que la musique n'est pas toute ma vie. Je me vois formatrice, coach, une activité que je fais déjà de manière informelle, conférencière, créatrice et influenceuse de mode.
E.M: Quels sont vos ambitions musicales ?
D.M: Je n'aime pas beaucoup les ambitions ... ( Rires ! ). Je les trouve assez calculées. Mais c'est vrai que j'ai des objectifs et des choses que j'aimerais atteindre par rapport à mon appel. J'aimerais créer une école de musique, pas simplement pour former les gens à chanter mais aussi une école qui formera des gens à conduire des cultes. Je suis conductrice de louange dans mon église d'attache qui est le Centre Missionnaire Philadelphie ( CMP ). J’ai un désir de pouvoir former des conducteurs de louange de plusieurs autres églises en Afrique comme ailleurs.
E.M: Selon vous, qu’est-ce qui manque à la femme pour arriver un jour à s’émanciper ?
D.M: La Femme est très émancipée, je pense que ce qui reste c'est juste que cela entre en vigueur. Je tiens à dire que je ne suis pas du tout féministe. Mais pour moi, la femme en elle seule a un pouvoir que l'homme n'a pas. Donc vouloir la mettre dans la même position que l'homme, pour moi c'est une énorme erreur. L’homme n'est pas capable de donner la vie à un être, il n'est pas capable de porter un enfant en lui. Il y a des choses que la femme a en acquis qu'elle n'a pas à envier à l'homme. En soit, pour moi c'est un combat que l'ennemi a envoyé dans le monde, justement pour nous distraire. Notre énnemi selon la bible, c'est le serpent, et il y est dit que la Femme écrasera la tête du serpent. L'homme en soit n'est pas notre énnemi mais plutôt un être semblable et il n'est pas question de se battre pour une quelconque égalité, il faut juste que la femme arrive à retrouver sa valeur, son espace dans le monde. Il faut qu'elle comprenne qu'elle est en elle même une force qui ne peut pas se comparer à l'homme. Si on cherche l'égalité avec l'homme, malheureusement nous allons nous focaliser sur une personne qui est déjà faite et nous allons laisser le rôle de la Femme vide.
E.M: Par rapport aux atrocités contre les femmes à l’Est du Congo, que pensez-vous du travail du docteur Mukwege ?
D.M: C'est quelqu'un qui m'inspire beaucoup. J’aime beaucoup sa personne, son cœur, la capacité qu'il a de pouvoir apporter de l'aide aux femmes qui sont meurtries à l'Est du pays. J'aime son courage de se lever devant le monde entier et de pouvoir parler de la part de ces Femmes qui sont maltraitées. C'est une personne très importante pour le Congo et aussi pour le monde. Pour moi, il est un model. Le docteur Mukwege est un homme bien que j'apprécie et souhaiterais qu'il puisse aussi éduquer les hommes à voir les choses de la même manière que lui, c'est-à-dire que la Femme est une valeur sûre.
E.M: Qui est derrière la sœur Dena Mwana ?
D.M: Jesus Christ, le Saint Esprit, Mon mari, mon église, mes amis, ma famille. Tout le monde est derrière moi et avec moi.
E.M: Quel est votre meilleur souvenir sur scène ?
D.M: J’en ai plusieurs, mais si je ne pouvais en citer qu'un seul ce serait le fait de m'être retrouvé dans un pays pas du tout lingalaphone, la Martinique en l'occurrence, et de les voir chanter une de mes chansons en Lingala.
Interview par Josué Ngoyi