Pourriez-vous nous parler de vous ?
Je m'appelle Mario Epanya ,43 ans Camerounais. Passionné de mode et création depuis l'âge de 5 ans, j'ai grandi dans une famille ouverte et aimante qui m'a poussé à faire ce que j'aime. J'ai commençé à travailler à l'age de 16 ans dans le milieu de la mode à Douala et je suis arrivé en France en 2000 ou je vis et travaille depuis.
Comment votre carrière de photographe a-t- elle été propulsée ?
Je peux dire que, très tôt j'ai compris l'importance des réseaux sociaux et je suis un pur produit internet en ce qui concerne ma popularité si on peut dire les choses ainsi. Myspace, flickr, 500 px, Behance, Facebook ... Toutes ces plateformes m'ont servi à communiquer sur mon travail et à echanger avec d'autres professionnels.
Il y a presque 10 ans vous aviez eu une idée de génie qui aurait poussé des barrières dans le milieu de la mode, Vogue Africa, et aviez investit beaucoup à créer des visuels magnifiques. Quel réaction aviez-vous du public à cette époque ?
Je dois avouer que la création de Vogue Africa en 2009 a été un accélérateur du jour au lendemain. Tout le monde voulait faire des interviews, s'intéressait à mon parcours. Des images sortaient et puis des clients, je dois dire que j'ai été dépassé à un moment et j'ai arrété avec les interviews et je me suis reconcentré sur mon travail.
Les réactions ont été positive car pendant longtemps le business modèle "Made in Africa" n'était pas envisageable, même pas d'actualité du coté de l'établishment mondial. La base populaire a validé cette idée et 10 ans plus tard on en parle toujours.
Comment avez-vous sélectionnés les mannequins et les thématiques ?
La sélection a été faite à partir de ma base de données. J'ai toujours travaillé avec des mannequins Afro et vu la resistance de certains magazines à publier ces séries. Je me suis dit pourquoi ne pas créer un Vogue Afrique et donc décider de les mettre en ligne.
Avez-vous collaboré avec d’autres photographes, artistes, etc... ?
Après la création d'un groupe Facebook, j'ai reçu des messages de personnalités comme Jody Watley, du groupe En Vogue, Inna modja qui aimait l'idée et voulait aussi sa couverture, la chanteuse Estelle sur twitter qui m'a felicité ou encore le mannequin Adia Coulibaly qui est venu me voir lors de mon séjour à New yorkais pour sa couverture. C'était assez cool et ensuite j'ai décidé de présenter le projet à Condé Nast France.
Selon-vous, quel serait l’infrastructure du Vogue Africain étant donné le nombre de pays sur le continent ?
La même infrastructure opté pour le Vogue Arabia. Tout comme ce dernier, un Vogue Africa mettra en lumière cette diversité et richesse culturelle, économique et politique de ces différents marchés et de l'urgence de les intégrer dans le marché mondial qui, pour l'instant ne bénéficie pas aux créatifs ressortissants de cette partie du monde, mais ça c 'est un autre débat.
Aviez-vous eu l’opportunité de rencontrer et présenter votre travail à Condenast ?
Oui bien sûr. Mais à l'époque, je pense que le monde de la mode n'était pas prêt. C'est ça le problème des visionnaires.
Et votre livre, pourriez-vous nous en parler de cette expérience ?
Oui, très honoré d'avoir été contacté fin 2015 par Mme Tapiwa Matsinde, Propriétaire de la maison d'edition basé à Londres pour ce Beau Projet et nous sommes tombé d'accord pour travailler dessus pendant plus d'une année et il est sorti pour mes 10 de carrière en tant que photographe. BEAUTIFUL aux editions shokopress, disponible en ligne sur Amazon. Moonlook.fr et vendu en France à la galerie Nelly Wandji.
Depuis Avril 2018, Vogue Africa est un sujet qui court sur les réseaux sociaux, comment vivez vous cela ?
Très bien, ça fait plaisir d'être un visionnaire et faire évoluer les mentalités. Dans un monde de plus en plus connecté, j'ai toujours du mal à comprendre que ce soit encore un débat ... La culture Africaine est présente dans tous les secteurs, Mode, Musées, Audiovisuel et j'en passe... Le succès de Black panther et autres créations d'entreprises "Made in Africa" nous apprennent cela, je pense qu'il est temps qu'on fasse cette édition et qu'on passe à autre chose.
Votre travail avec les couvertures Vogue Africa a-t-il été mentionné par Naomi Campbell dans ces interviews récentes ?
Naomi Campbell est le plus grand mannequin au monde, au Top depuis 32 ans et va recevoir son award pour l'ensemble de sa carrière cet été. Elle en avait déjà parlé en 2014 au cours d'une conférence Vogue avec la regrettée Franca Sozzani qui a lancé le Black vogue sur le site Vogue Italie juste après ma campagne Vogue Africa et en a profité pour faire une interview de moi... que cette grande Naomi s'empare du sujet ne peut qu'être bénéfique et je suis avec elle et lui souhaite de tout coeur d'y arriver.
Quel est votre rêve pour l’industrie de la mode en Afrique ?
L'industrie de la mode est l'une des plus fructueuses au monde, regardez la liste des plus riches en france. Les 3 premiers sont dans la Beauté, mode et luxe; Mr Bernard Arnault, Mme Ingrid Bettencourt, Mr François Pinault.
Je veux la même chose en Afrique, des Fashion institute, des conseils de créateurs et investisseurs, des magasins, des usines avec une politique écologique et la liste est longue. On est sur la bonne voie... Très optimiste, Africa is The Future.
Photo credits: Mario Epanya