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 Depuis longtemps, je voulais découvrir l’île d’Idjwi, cet îlot de paix situé au plein cœur d’une région déchirée par trop de guerres et de violences. Située au milieu du lac Kivu, cette île semble miraculée. Ici, pas loin de Nyatura, ni de Maï Maï ou autres groupes armés. Comment cela pouvait-il être possible ?

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L’Île étant située au milieu du Lac Kivu, il me faut prendre le canot rapide au départ de Goma pour l’atteindre. Idjwi, c’est un archipel composé d’une grande île et d’une quinzaine d’îlots. C’est l’unique territoire insulaire de la RDC et une des plus grandes îles à l’intérieur du continent africain avec ses 40 km de longueur pour une superficie de 285 km2. 220 000 habitants y habiteraient.

Ce qui me frappa en longeant l’île, peu avant mon arrivée au port de Bugarula, ce sont ces quelques touffes de grands arbres bordant le lac qui rappellent la foret vierge. Il paraît que 20 ans auparavant, la forêt vierge occupait une grande partie de l’île. Mais l’arrivée de milliers de réfugiés rwandais durant la sinistre année 1994 eu comme conséquence la destruction de la grande forêt de l’île. Ce que je vois ne sont plus que quelques résidus de cette grande forêt de jadis. Que cela devait être beau !

Après être arrivée, comme c’est samedi et qu’il fait beau, j’en profite pour me dépêcher et aller au grand marché de Kishenyi. Ce marché est situé à environ 5 km de Bugarula et il me faut débourser 1500 fc pour y aller en moto taxi. Je me rends compte également qu’il ne m’est pas facile de me faire comprendre car tout le monde parle le Kihavu au contraire du Kiswahili qui n’est pas parlé par tout le monde.

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L’arrivée au marché est impressionnante. Une foule compacte fourmille autour des étalages des marchands. Certains étalent leurs marchandises par terre car il semblerait qu’il n’y ait pas d’étals pour tout le monde. A gauche, côté plage, une rangée de petits restaurants « gargotes » construits en bâches à côté des vendeuses d’huile de palme proposent des assiettes à 500 franc congolais. Un peu plus loin, c’est une pirogue à moteur transportant des vendeurs et des vendeuses venus des villages environnant Idjwi qui s’apprête à partir.

Rapidement, je déambule entre des centaines de vendeurs. Devant moi, deux salons de coiffures dames et hommes, et le long de la route, des vêtements, des chargeurs de téléphone, des chèvres et moutons à marchander. Quelques dizaines de mètres plus loin se dresse un marché couvert. Selon l’histoire, c’est ici où se vendent les ananas, les avocats, les oranges et autres fruits à moins cher, car il y en a beaucoup. Chose étonnante, le marché n’a lieu que le mardi et le samedi.

Les populations profitent donc de l’occasion pour acheter d’autres choses que du poisson pendant ces deux jours cités ci-haut. De même, les bateaux accostant au port de Bugarula sont autant d’occasions pour les mamans et jeunes vendeurs d’écouler oranges, mandarines, avocats et autres ananas aux personnes à bord.

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A part me promener, je voulais acheter quelques ananas à mes amis et collègues de Goma ; malheureusement il n’y en avait pas de bonne qualité. Il est 15h, je meurs de faim. Pour 500 franc Congolais j’ai mon plat (foufou, haricot et un morceau de viande).

Je remarque aussi qu’ici, ni taxis ni bus en commun, ni voitures (les quelques seules voitures que j’ai pu voir étaient à Bugarula). Seules les motos taxi font le transport. Aussi, les clients préfèrent monter à deux pour payer moins cher.

Sur le chemin du retour, une préoccupation m’est venue en tête. Pourquoi les habitants de cette île de paix semblent-ils si pauvres?

En réalité, L’île est trop sous développée et pauvre pour s’en sortir toute seule. Le taux d’alphabétisation est faible. Les enfants ne vont pas tous à l’école faute de locaux, d’instituteurs sous-payés. L’accès à l’eau potable et à l’électricité font souvent défaut à Idjwi Nord, la seule source d’électricité étant fournie par des petits panneaux solaires. La malnutrition est également signalée. Alors qu’à Bukavu et Goma, plus de 80 organisations humanitaires aident aujourd’hui les victimes de la guerre et les personnes vulnérables. Aujourd'hui, quelques unes seulements semblent se préoccuper de celles d’Idjwi qui souffre également des affres de la pauvreté.

Mais la population dispose néanmoins d'un bien précieux dans cette région d'Afrique : la paix. La paix dans tous les sens du terme : absence de conflits armés et de sentiment d’insécurité, calme, quiétude, … Sentiments qui se ressentent dès les premières minutes sur l’île.

Ce sentiment de quiétude se décuple le soir, lorsqu’à l’occasion d’une marche sur les collines, j’aperçois le soleil caresser l’île de ses rayons déclinants. De là où je me tiens, je me laisse bercée par les bruits du village, regardant les rives congolaises et rwandaises en espérant que l’île inonde de ses vibrations pacifiques la région des Grands Lacs.

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