Née d’un père Congolais et d’une mère Ukrainienne, Estelle Mossely est une boxeuse professionnelle française. Une femme forte et déterminée qui a remportée des médailles d'or aux Jeux olympiques de Rio 2016 et au Championnat du monde AIBA 2016. Estelle détient aussi le titre "IBO poids léger féminin" depuis juin 2019 et est classée meilleur poids léger féminin au monde par BoxRec en Novembre 2019. Nous l’avons rencontré à Paris après son voyage à Kinshasa pour en apprendre un peu plus sur son association et ses projets pour l’année prochaine.
ESIMBI magazine: Vous avez récemment effectués un voyage au Congo, comment avez-vous été accueilli?
Estelle Mossely: J’ai été très bien accueilli plus particulièrement à Guemena, la région d’où viens mon père. J’ai reçu un accueil exceptionnel de la part de ma famille mais aussi des clubs de boxe de la ville.
ESIMBI magazine: Quels étaient les objectifs de ce voyage?
Estelle Mossely: Le voyage était avant tout un voyage familial car je ne m’étais jamais rendu en RDC auparavant. J’ai créé ce lien avec ma famille au pays et permis à mon père de revenir sur ses terres. C’était également une occasion de mener des actions sportives et d’aller à la rencontre de jeunes boxeurs.
ESIMBI magazine: Parlez-nous de votre association. Quel impact souhaitez-vous avoir?
Estelle Mossely: Mon association, "l’OBSERVATION EUROPEEN DU SPORT FEMININ" est une association pour les athlètes féminines qui traitent certaines problématiques qu’elles pourraient rencontrer lors de leurs carrières. Elle est aussi un moyen de s’adresser à la jeunesse à travers des actions sportives et des échanges avec des champions. Elle concerne tous les sports et l’idée est de la faire connaitre au maximum pour aider un maximum d’athlètes.
ESIMBI magazine: Votre association aide les femmes athlètes en France, envisagez-vous d’étendre cela au Congo? Et aider d’autres industries que la boxe, comme par exemple le basket-ball?
Estelle Mossely: Nous avons commencé par des actions ciblées en France et en Europe mais je souhaite aujourd’hui étendre le champ d’intervention en Afrique en commençant par mon pays, le Congo (RDC) .C’est pour cela que je réfléchis à un nouveau nom d’association plus international. Il y a beaucoup de choses à apporter en RDC et les échanges avec les sportifs de France peuvent être très intéressants.
ESIMBI magazine: Vous êtes allé visiter l’orphelinat Matumaini, comment cela s’est-il passé avec les filles? Qu’en avez-vous retenue?
Estelle Mossely: Ma visite à l’orphelinat Mutumaini fut un temps fort de mon voyage. J’ai rencontré des femmes investies depuis plusieurs années auprès des jeunes filles et malgré leurs difficultés, j’ai senti le travail effectué avec elles. Nous avons partagé un moment sportif lors d’un cours de boxe et j’ai pu découvrir les différentes activités qu’elles pratiquaient au sein de l’orphelinat. Je retiens surtout l’image de filles fortes qui souhaitent prendre en main leur destin.
ESIMBI magazine: Avez-vous eu le temps de visiter des sites touristiques comme le musée national ou le parc N’Sele?
Estelle Mossely: J’ai fait plusieurs visites en commençant par le musée national. J’ai visité le parc Nsele que j’ai beaucoup apprécié, le marché des voleurs ainsi que le marché des pagnes. Je voulais aussi découvrir certains lieux emblématiques du pays et j’ai bien sûr terminé mon voyage par la visite du stade Tata Raphaël.
ESIMBI magazine: Quel est le souvenir que vous garderez de ce premier voyage?
Estelle Mossely: J’en garde un très bon souvenir avec l’envie d’y retourner rapidement car je pense qu’il y a beaucoup de choses à faire pour la jeunesse. J’ai vécu des moments très chaleureux à Kinshasa et surtout à Guemena.
ESIMBI magazine: Vous aviez dit vouloir prendre du recul pour retrouver vos forces, ce retour aux sources vous a-t-il aidé à vous retrouver?
Estelle Mossely: Ce retour aux sources m’a permis de renouer avec des valeurs simples que je considère essentielles dans l’épanouissement d’une personne. Comme je l’ai dit, malgré les difficultés dans lesquelles étaient les personnes que j’ai rencontré, les rapports ont toujours été très chaleureux. J’ai senti une grande sincérité venant des gens que j’ai côtoyé plus particulièrement venant de ma famille.
ESIMBI magazine: Que pensez-vous de cette nouvelle vague qui a pour but de pousser les africains à consommer Afro?
Estelle Mossely: Je penses que c’est une bonne chose de consommer Afro, à partir du moment où l’on a de « vrais produits » Africains et pour moi cela se traduit par une volonté de produire localement en utilisant le savoir du pays et en favorisant l’accès au travail.
ESIMBI magazine: Comment nos lecteurs peuvent contribuer à vos activités caritatives?
Estelle Mossely: Je pense qu’aujourd’hui mes actions ont besoin d’argent. Cependant, j’estime que ce n’est pas aux lecteurs de contribué à cela, il y a de grosses entreprises qui pourraient s’investir. La seule seule chose que je pourrais attendre des lecteurs serait de parler au maximum de l’association car plus les actions seront visibles, plus cela apportera de la crédibilité aux différents projets menés.