L’Afrique, continent vaste et pluriel. Si celui-ci est appelé berceau de l’humanité, il a aussi vu naître des femmes à la fois belles et courageuses, de par leur parcour ainsi que pour avoir côtoyé les grandes personnalités du monde. Reines ambitieuses, voici deux légendes qui continuent de faire parler d’elles à travers les siècles.
Par Josué Ngoyi
Néfertiti, la beauté révolutionnaire
Epouse du célèbre pharaon hérétique Amenhotep IV, devenu Akhenaton et mère de Toutankhamon, Néfertiti est l’une des plus belles et célèbres reines d’Egypte.
De par son nom, qui signifie « la belle est venue », elle porte toujours en elle tout le mystère et la grandeur de l’époque des pharaons. Cependant, ses origines seraient étrangères et non Égyptiennes. Cela a poussé le peuple égyptien à la surnommer: Néfertiti, "La Belle est arrivée".
D’une beauté renversante, elle fait forte impression sur son époux Amenhotep IV qui se consacrera totalement à celle qu’il appelle Ma Bien-Aimée, délaissant ainsi ses multiples concubines.
Très amoureux, le Roi demande à ses artisans de sculpter le visage de sa belle dans le but de la rendre immortelle pour lui prouver son amour. Des vers rapportant sa beauté à l’allure de « celle dotée de toutes les qualités et toutes les faveurs, celle dont la voix réjouit le roi, qu’elle puisse vivre pour toujours et à jamais ».
Dans ses aspirations de grandeur, en plus des décisions politiques et militaires, elle exerce une grande emprise sur son époux, qu’elle poussera à mener une réforme religieuse extrêmement controversée.
Contre l’avis de ses conseillers et voulant plaire à son épouse, Amenhotep se lance dans la démarche spirituelle. À deux, ils initient le culte rendu au dieu du disque solaire, Atona. Le couple ordonne la destruction des autres idoles et nomment Atona dieu suprême. Néfertiti s’érige ainsi en grande prêtresse et devient l’intermédiaire entre les Hommes et le Dieu. Nul ne peut prier Atona sans la louer également.
Le couple marque ce changement radical dans le culte d’Egypte antique en changeant de nom. La reine devient Néfernéferouaton « Belle est la perfection d’Atona », et Amenhotep IV prend le nom d’Akhénaton, « celui qui est bénéfique à Atona » . Le couple royal quitte ses palais de Thèbes et de Memphis et part s’installer dans la ville de l’Horizon d’Aton « Akhetaton », cité lumineuse bâties dans la plaine, entre le Nil et les falaises.
"La réforme de trop"
Craignant de voir d'autres réformes aussi farfelues les unes que les autres, pouvant ainsi déformer les traditions, les proches du Roi tentent de semer le trouble dans le bonheur du couple Royal. Des clans se créent, ce bouleversement marque la fin de l’entente harmonieuse du couple. Après douze ans d’amour, ils se séparent définitivement.
Akhenaton ne supportant plus de partager la demeure de Néfertiti, renie ses promesses à Atona et rentre à Thèbes. Néfertiti décide de rester à Akhet-Aton, ne voulant pas laisser le désespoir mettre fin à ses rêves de grandeur et de renouveau.
À 25 ans, sentant que son règne et son pouvoir s’essouffle, Néfertiti demande à Thoutmôsis, célèbre sculpteur royal de tailler son buste pour que la beauté de son regard demeure éternelle. Buste, qui deviendra légendaire.
À 30 ans Akhenaton meurt, il demanda que l’on taille le visage de Néfertiti aux quatre coins de son sarcophage en granite comme manifestation ultime de son amour. Souhaitant que son épouse principale protège sa momie après sa mort, il lui attribue ainsi un rôle traditionnellement dévoué aux grandes déesses.
Nul ne connaît le sort final de Néfertiti. Les pharaons qui succédèrent au couple révolutionnaire, y compris leur fils Toutankhamon, maudirent la cité d’Akhet-Aton et effacèrent toute trace d’Akhenaton, de la belle Néfertiti et du dieu soleil. Jusqu’à ce qu’un archéologue, Ludwig Borchardt découvre les vestiges de la ville mystique en 1912 et dévoile sa grandeur au monde.
Makeda, la belle à la conquête de la sagesse
Belle, la Reine de Saba régnait sur l’un des plus riches royaumes, et pourtant elle convoitait un bien plus précieux, la sagesse proverbiale du roi Salomon… Ce fabuleux récit évoqué par trois religions monothéistes ne cesse encore d’attiser notre curiosité et fascination.
"La richesse et la beauté venant s’incliner devant la Force et la Sagesse"
Désireuse d'assouvir sa soif de connaissances, la Reine de Saba, aussi connu sous le nom de Makeda, aurait rendu visite au sage roi d'Israël, Salomon, à Jérusalem. Les récits écrits de la rencontre racontent qu'elle aurait donné un fils au roi, qui serait devenu le premier roi éthiopien de la dynastie salomonide.
Cette rencontre à Jérusalem est relatée dans divers textes, parmi lesquels la Bible juive, le Coran, où la reine s'appelle Bilqis, et un document éthiopien ancien appelé Kebra Nagast, où elle s'appelle Makeda. Elle est également mentionnée dans le Nouveau Testament en tant que "Reine du Sud".
Malgré ses origines encore contestées, la reine de Saba aurait vécu il y a plus de trois mille ans et reste au centre de la mythologie éthiopienne. On retrouve le récit de son histoire dans plusieurs récits religieux.
Les Éthiopiens la revendiquent comme l'une des leurs. Mais c'est aussi le cas pour les Yéménites qui affirment, eux, que Saba est une référence au royaume yéménite de Sheba. Les Éthiopiens pensent que son palais était situé dans la ville d'Aksum, dans le nord de l'Éthiopie, où des ruines peuvent encore être visitées.
Selon le Kebra Nagast, qui donne le compte-rendu le plus détaillé de la rencontre de la reine avec le roi Salomon. Après avoir convaincu Makeda, de sa sagesse, Salomon passe la nuit avec elle. C'est de cette union que naît le roi Menelik I, le fondateur de la dynastie des Salomons en Ethiopie, qui continuera à gouverner jusqu'à la destitution de l'empereur Haile Selassie en 1974.
Cette rencontre mythique entre une reine et un roi, animée par un appétit vorace de connaissance et de sagesse, reste aujourd'hui une source d'inspiration pour bon nombre de personne dans le monde.