FROM ABIDJAN TO THE WORLD: Ibrahim Fernandez

Diplômé d’école de commerce, il ne se destinait pas à une carrière dans la mode. Aujourd’hui, il est l’habilleur plébiscité des célébrités africaines. À la tête de sa propre maison de couture, Ibrahim lance sa marque de vêtements "Zango" et s’envole vers le sommet. Véritable autodidacte, il apprend la couture sur le tas et propose aujourd’hui des vêtements aux coupes raffinées, somptueuses colorées avec une touche de simplicité inspirée de la vie quotidienne destinées à celles qu’il appelle ses "Nandi", nom qu’il donne à ses clientes. Il est le styliste des célébrités et stars de télévision ivoiriennes. Dans cet interview accordée à ESIMBI magazine, le créateur en Vogue nous ouvre les portes de sa carrière.

Propos recueillis par Tina Lobondi

En Décembre 2024, vous fêtiez 10 ans de carrière dans la mode. Parlez-nous de vos débuts.

En effet, nous avons célébrés les 10 ans de la marque. Si l’on compte les débuts avec Zango by IBRAHIM FERNANDEZ, nous pouvons compter 12 ans en tout. Quand j’y repense, mes débuts étaient une période de passion brute, sans calcul. J’avais une vision, mais je manquais de ressources. Chaque création était une sorte de bataille entre mes idées et les moyens du bord. C’était aussi la période où j’ai appris les bases du métier avec les couturiers du quartier et internet. J’ajouterais que c’est à cette période que j’ai appris à me faire confiance.

Comment avez-vous vécu le succès de votre premier imprimé ?

Jusqu’à présent je n’ai pas les mots. C’était incroyable. L’idée de cet imprimé était d’ancrer mon travail dans une identité forte, quelque chose qui raconte une histoire, mais de manière moderne. Quand les retours ont commencé à se manifester, que je voyais les gens s’approprier mes pièces, je me suis dit : "OK, là, on tient quelque chose." Ce succès m’a surtout confirmé que nos traditions ont leur place dans la mode contemporaine.

Les Nandi, c’est qui ?

Rires… les Nandi ! Ce sont mes clients et clientes forts et fortes, libres qui inspirent mon travail. Ce nom vient des guerrières Nandi de l’histoire africaine, mais pour moi, c’est plus que ça. Les Nandi, ce sont ceux qui osent, qui sont élégants, audacieux, et qui portent mes créations avec une assurance incroyable. En gros, c’est un clin d’œil à tous ceux et toutes celles qui portent le made in Africa dans leur coeur.

Vous avez lancé votre ligne de vêtements couture en 2022, pourquoi avoir décidé de séparer cela de votre ligne de robes de mariée ?

C’était une question d’identité. La robe de mariée a toujours été un pilier pour moi, mais j’avais besoin d’un espace pour explorer des idées différentes, des silhouettes plus audacieuses, des pièces uniques qui parlent d’art avant tout.

En séparant les deux, j’ai pu donner à chaque ligne son propre souffle, son propre univers. C’est à travers ces créations que j’arrive à communiquer sur l’art et le savoir-faire de la maison.

La mode en Côte d’Ivoire, l’évolution depuis 2015 consiste en quoi selon vous ?

Elle a énormément évolué ! Il y a de plus en plus de talents qui osent, des initiatives locales qui mettent la mode en avant. On voit aussi un intérêt grandissant pour le "made in Africa", ce qui est très positif. Ce qui manque encore, c’est un écosystème structuré pour soutenir les créateurs, mais on avance, on va y arriver et j’y crois.

Travaillez-vous désormais avec des boutiques de revente de jeunes créateurs ? Où sont vos stockistes ?

Oui, c’est une chose à laquelle je tiens. Soutenir les jeunes créateurs, c’est aussi leur offrir une vitrine. Mes pièces sont disponibles chez Aby Concept à Abidjan et dans quelques boutiques à l’international. J’ai été à Saargale, à des ventes éphémères en Suisse soutenues par Afrodysée et des ventes à Paris soutenues par Africa Fashion Up également.

Quel a été votre plus grand challenge à ce jour ?

Sincèrement, trouver l’équilibre entre rester fidèle à ma vision et répondre aux exigences du marché. Il faut innover sans se perdre, et ce n’est pas toujours évident.

Vous avez récemment célébré 10 ans de carrière avec une expérience inédite en Côte d’Ivoire. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

C’était une célébration de tout ce parcours ! On a voulu créer quelque chose d’unique, qui allie mode, art et émotion. Chaque tableau racontait une partie de mon histoire, avec mes créations comme fil conducteur. C’était ma façon de dire merci à toutes les personnes qui ont cru en moi et qui continuent de me soutenir.

Quelles sont, selon vous, les qualités d’un bon créateur de mode ?

L’écoute, la passion et l’authenticité. Il faut savoir écouter les besoins de son public, avoir une vraie passion pour ce métier, parce qu’il est exigeant, et rester fidèle à son ADN, quoi qu’il arrive.

Qu’est-ce qui fait le succès de votre marque ?

Je dirais la capacité à raconter des histoires à travers mes pièces. Chaque collection a une âme, une émotion. Et je crois que c’est ce lien émotionnel qui touche les gens.

Où peut-on trouver vos vêtements en Côte d’Ivoire ?

À Abidjan en Zone 4, boulevard de Marseille, à Aby concept et aussi au Noom Hotel.

Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?

Continuer à rêver grand et à inspirer. J’aimerais aussi voir la mode africaine rayonner encore plus fort à l’international.

Quel est le conseil que vous donneriez aux personnes qui souhaitent se lancer dans ce métier ?

Croyez en votre vision, même quand personne ne le fait encore. Ce métier demande beaucoup de travail et de résilience, mais si vous êtes prêts à vous battre, vous pouvez réaliser des choses incroyables.