Mory Kanté, "une légende s'en est allée"
/Le chanteur s’est éteint des suites de maladies chroniques à l’âge de 70 ans. Sa chanson “Yéké Yéké” restera l’un de ses plus grands succès internationaux.
Après Manu Dibango, Aurlus Mabele, Idir ou encore Tony Allen, l'Afrique perd une autre pointe de la musique internationale. Mory Kanté est mort le vendredi 22 mai à l'âge de 70 ans à Conakry (Guinée). Selon son fils Bella Kanté à l'AFP, le chanteur «souffrait de maladies chroniques et voyageait souvent en France pour des soins». Ce qui «n'était plus possible» avec le coronavirus. Mory Kanté laisse derrière lui une carrière riche de près de 50 ans et une dizaine d'albums studio.
Né le 29 mars 1950 à Albadaria dans le sud de Guinée. Mory Kanté grandit dans une fratrie de 38 enfants où il est le plus jeune. Sa famille est constituée de poètes, chanteurs, journalistes et griots dont ses parents et son grand-père maternel. A 7 ans, le jeune Mory Kanté poursuit ses racines maliennes en s'installant à Bamako chez sa tante, Maman Ba Kamissoko. C'est d'ailleurs dans cette même ville qu'il intègre en 1968, l'Institut des Arts de Bamako. Il y reste jusqu'en 1969. L'aventure musicale de Mory Kanté commence en 1971 quand rejoint à 21 ans le groupe Super Rail Band de Bamako après avoir été repéré par le saxophoniste Tidiani Koné (décédé en 2001). C'est au sein de ce groupe qu'il rencontre un certain Salif Keita, grande figure de la musique malienne. Après le départ de Salif Keita en 1973,
Début de carrière solo et premier triomphe européen
La carrière solo de Mory Kanté a commencé en 1981 avec la sortie de son premier album Courougnègnè. Sa notoriété sur le continent africain grandit. Cependant, son désir de conquérir un oublic européen se fait sentir. C'est ainsi qu'il arrive en France en 1984, à une époque où la musique du monde se développe. La même année, il enregistre l'album éponyme Mory Kanté. Cet opus connaît un bel accueil public et critique et le chanteur devient ainsi une grande vedette en Italie. C'est dans ce même pays qu'il fait en 1986 la rencontre du producteur américain David Sancious. Ensemble, ils enregistrent l'album Ten Cola Nutsqui sort sous le label Barclay. Devenu une révélation sur le continent européen, Mory Kanté se produit alors sur de nombreuses scènes européennes dont la Mutualité, le New Morning, le Printemps de Bourges. Il est également convié par Jacques Higelin à Bercy en 1985.
«Yéké Yéké», son tube planétaire
L'un de ses titres les plus phares de son répertoire restera «Yéké yéké», album chanson extraite de son Akwaba Beach sorti en 1987 et qui devient disque d'or en octobre 1988. Ce titre aux sonorités afro-beat et dance music propulse Mory Kanté au rang des artistes les plus populaires d'Afrique où sur le surnomme «le griot électrique». Grâce à cette chanson, il remporte en 1988 une Victoire de la musique en 1988 dans la catégorie «Album de la communauté francophone». Après une pause de quelques années, le chanteur guinéen revient sur le devant de la scène en 2001 avec l'album Tamala - Le Voyageur. En 2012, il sort son dernier album La Guinéenne.Mory Kanté aura tout de même clôturé sa carrière sur une récompense, celle du Grand Prix des musiques du monde décernée par la Sacem en 2017.
«Un parcours exceptionnel»
Les hommages ne se sont pas faits attendre dès l'annonce de la mort de ce géant de la musique africaine. Dans le milieu politique, sur Twitter, le président guinéen Alpha Condé a salué «un parcours exceptionnel» et «exemplaire» de Mory Kanté. Cekou Dalein Diallo, chef de l'Union des forces démocratiques et ancien premier ministre guinéen (2004-2006) a publié sur son compte Facebook: «Une légende s'en est allée se rend derrière elle toute une nation orpheline. L'héritage musical que nous lègue Mory Kanté constitue un patrimoine culturel dont tous les guinéens sont fiers. (...) J'adresse mes condoléances les plus émues à la famille et au peuple de Guinée ».Autre hommage émouvant, celui de son ancien partenaire du Super Rail Band de Bamako, Salif Keita, pour qui Mory Kanté était «la famille». «C'est une perte énorme. Repose en paix mon frère » , une page de l'artiste malien sur Facebook le vendredi 22 mai.