Tribalisme : Les guerres ethniques tuent-elles l'Afrique ?

L’histoire a pour but de permettre aux acteurs qui la vivent de tirer des leçons des expériences passées pour construire un meilleur avenir. Les stigmates laissés par les épisodes sanglants sur lesquels les nations africaines ont été bâties, devraient être, un gage de mémoire suffisant. Pourtant, il y a toujours une période charnière qui ébranle cette croyance. La période électorale. Bien souvent, c’est le moment que choisissent les fantômes du passé pour resurgir et semer le trouble dans la tête des citoyens. Plaçant l’ethnie, au cœur des débats de restructuration nationale.  Pour beaucoup, le tribalisme est sans conteste, l’un des freins à l’essor africain, car, instrument fatal en politique. Soudan ou Somalie, Cameroun ou Burundi, tous ces pays, à leur échelle, ont été, ou sont toujours fragilisés par l’ombre des guerres ethniques. Comment expliquer qu’encore aujourd’hui, les conflits interethniques, soient un si terrible enjeu dans la construction des nations africaines ?  

Après 15 ans à la tête de la plus haute fonction de l’Etat du Burundi, Pierre Nkurunziza, décède à l’âge de 55 ans. Un mois, avant la fin de son mandat. Cette disparition soudaine et inattendue, pose la question des conditions d’installation du nouveau gouvernement. Marqué par 10 ans de guerre civile et encore affligé par la violence des élections de 2015. Le Burundi, doit relever sous les yeux du monde, l’un des plus grands défis de son histoire politique. Installer un nouveau gouvernement sans placer l’origine ethnique au cœur des débats. Car si tout a été mis en place pour l’investiture du général Evariste Ndayishimiye, jeudi dernier. Les tensions régnantes à l’intérieur même du parti politique, laisse planer l’ombre d’un nouveau massacre ethnique.  

Pierre-Nkurunziza-esimbi.jpg

La réalité du tribalisme dans les problématiques sociales, a heurté un autre pays africain. Le Cameroun. Bien loin d’avoir le même passé écorché que le Burundi ou le Soudan, la question de l’identité ethnique s’est pourtant retrouvée au centre des débats politiques en 2019. Une vague de stigmatisation qui trouble les populations et engendre des dérives désastreuses sur le plan de l’identité citoyenne...  


Guerres ethniques en Afrique : Problème civil ou instrumentalisation politique ?  

En Afrique comme ailleurs, l’élaboration des frontières s’est faite dans une effusion de sang. La marque indélébile laissée par la période coloniale, a plongé les Etats Africains dans la confusion au moment de l’indépendance. Cette responsabilité de le colonisation européenne, a fait l’objet d’une enquête au Burundi. Depuis son indépendance en 1962, les conflits interethniques que connait le pays, ne sont que les conséquences de la gestion territoriale et politique établis par l’Allemagne puis la Belgique, sous Léopold II. A ce sujet, le ministre de la justice burundaise déclarait alors : “Le constat est que l’origine des violences cycliques à caractère politique qui ont endeuillé le Burundi, remonte au temps de la colonisation.” 

Établir la responsabilité de la colonisation européenne dans “la création et l’exacerbation des problèmes éthiques et des violences” qu’elles engendrent, auraient dû être la base de travail de chaque Etat africain. Le hic, c’est que dans leur volonté de se réapproprier leur pays, les figures d’alors, ont été dans une démarche de continuité en matière de gestion politique, économique et foncière. Une méthode qui a fait naître chez les civils un ressentiment qui s’est peu à peu cristallisé par ce qu’on appelle l’ethnicisation.  

Une ethnicisation politique qui crée de fait, un fossé entre les différentes communautés et nourrit le problème au sein de la population. 

guerre-ethnique-afrique-esimbi.jpg

Guerres ethniques en Afrique : L’impossible “construction nationale” ?  

Dans ce contexte social de stigmatisation ethnique, comment réussir à construire une unité nationale stable au sein des nations africaines ? En mai dernier, l’assassinat du Colonel Bitala Madjoulba, au lendemain de la réélection du président, Faure Gnassingbé, au Togo, prouve à quel point le problème du tribalisme pèse sur les jeux politiques. Et c’est là, que réside l’enjeu de la construction nationale. L’homme politique franco-togolais, Kofi Yamgnane avait d’ailleurs dénoncé, au journal IciLomé, le silence du président élu face à cet assassinat, redoutant la montée en puissance du tribalisme.  

“Faure Gnassingbé, pas plus que ses militaires, ses centaines de conseillers, n’a tiré aucune leçon du drame que le Rwanda a connu, et avant lui l’Afrique du Sud. (…) Le silence de Faure Essozimna Gnassingbé et sa décision de remplacer immédiatement un chef de corps issu de l’ethnie Nawdba par un officier de sa propre ethnie” est selon Kofi Yamgnane, un signe de danger imminent fragilisant la stabilité au Togo. Il poursuit : “Le jour où les autres ethnies s’uniront contre Faure et la sienne, le monde se réveillera avec un goût de sang à la bouche. Une guerre ethnique au Togo, comme semble le souhaiter Faure, sera une catastrophe immense, non seulement pour le petit Togo, mais elle enflammera le continent tout entier...”  

Au Togo, comme ailleurs sur le continent, faire croire à un peuple qu’il est dissemblable et inférieur, à cause des tribus qui la compose, c’est alimenter la fracture sociale et nationale.  

Pour effacer la marque de l’héritage colonial, l’Afrique doit se souvenir que son atout principal se trouve dans la diversité de ses richesses tribales.

Mort du saxophoniste Camerounais Manu Dibango

IMG_8407.JPG

Alors qu’il venait de célébrer ses 60 ans de carrière en 2019, le baobab de la musique africaine, Manu Dibango est décédé ce mardi 23 mars 2020 en France suite à des complications du covid 19.

IMG_8408.JPG

Née à Douala au Cameroun en 1933, il arrive en France en 1949 alors qu’il n’a que 16 ans pour ses études à Marseille. Mais c’est sera finalement à la musique qu’il consacrera sa vie.

Appelé tendrement « Papy Groove » Emmanuel N’Djoke Dibango s’est fait connaitre grâce à son titre Soul Makossa en 1973 écrit de base pour la coupe d'Afrique des nations. Le succès du tube fut planétaire faisant de lui le père de la world music mais aussi l’un des musiciens a avoir participer considérablement à la naissance de la musique africaine telle que nous la connaissons de nos jours.

Soul Makossa sera ensuite plagié par le chanteur américain Michael Jackson, ce qu’il lui vaudra un procès. Au fil des années il sera également repris par des artistes tels que Michael Jackson ,Rihanna et bien d’autres.

Connu également pour son travail dans la chanson Indépendance Cha Cha avec le grand Kallé et l’African Jazz, il jouera également en 1974 en compagnie de James Brown et BB King à Kinshasa alors ancien Zaïre avant le combat du siècle entre Mohamed Ali et Georges Foreman.

Depuis l’annonce de sa contamination le 18 mars denier, il avait été hospitalisé depuis plusieurs jours ,il s’est éteint à l'âge de 86 ans. C’est dans un court communiqué poster par sa famille biologique sur son compte Facebook officiel que le monde a appris cette triste nouvelle s’ajoutant a toutes les pertes dont fait face le monde depuis l’annonce de la pandémie du Corona Virus.

Vue la situation actuelle c’est donc dans la stricte intimité que se tiendront les obsèques du regretté Papy Groove. L'Afrique mais aussi le monde a perdu un grand nom de la musique, mais comme on le dit toujours, Les légendes ne meurent pas.