WeRe-VaNa : "Je vais essayer de plaire à un plus large public" (Interview)

WeRe-VaNa, de son vrai nom Evariste-Pierre Geoffroy est un artiste incontournable de la scène musicale antillaise et aux 22 millions d’abonnés sur YouTube.

Après des titres comme “Komprann sé Jé”, “Voleur de coeur” ou encore “Misié Cancer”, le chanteur a sorti son dernier single “Casanova”. Ce titre est le fruit de la collaboration avec les labels Play Two et Just Winner que WeRe-VaNa a rejoint en 2020. Le chanteur espère désormais un public plus large et porter sa musique à l’international.

were-vana. photo : ZIKOM AGENCY.

were-vana. photo : ZIKOM AGENCY.

Propos recueillis par Kevin Sonsa-Kini.

ESIMBI Magazine : Vous avez intégré les labels Play Two et Just Winner en septembre 2020. Comment avez-vous été approché ?

WeRe-VaNa : Ça s’est fait par étape. Ils sont passés dans nos studios. Ils ont entendu ce qu’on faisait et ils nous ont dit qu’ils aimaient bien. On dit qu’on allait essayer de frapper aux portes et voir ce que ça allait donner. Et puis ça a fonctionné.

C’est le début d’un nouveau chemin artistique

Peut-être pas un nouveau chemin artistique mais en tous cas c’est sûrement une nouvelle aventure. Après, je vais quand-même rester moi-même. Je vais essayer de plaire à un plus large public. Je veux trouver une nouvelle alchimie et faire en sorte que cette aventure soit la plus belle possible.

C’est auprès de ces deux labels que vous avez sorti votre dernier single “Casanova” qui est un succès (près de 4 millions de vues sur YouTube). Que vouliez-vous raconter à travers cette chanson ?

En réalité, c’est le côté « Casanova » qu’on met en avant. On fréquente des filles. On en a vu et on en voit. Parmi celles-ci, il y en a une qu’on a envie de garder et qu’on n’a pas envie de perdre. De toute façon, on a tous un petit côté « Casanova » en nous.

Vous vous considérez comme un chanteur romantique ?

Oui, j’aime bien parler d’amour. Après je peux parler de tout. Mais c’est vrai que je parle beaucoup d’amour dans mes chansons parce que c’est quelque chose qui me touche et je trouve qu’on en a besoin dans cette vie.

Je parle beaucoup d’amour dans mes chansons parce que c’est quelque chose qui me trouve et je trouve qu’on en a besoin dans cette vie.
— WeRe-VaNa
WERE-VANA. PHOTO : ZIKOM AGENCY

WERE-VANA. PHOTO : ZIKOM AGENCY

Vous vous attendiez à un tel succès pour cette chanson notamment sur TikTok et Spotify

Ah non ! Après c’est vrai que, lorsqu’on fait un morceau, on a toujours envie que cela fonctionne. On met tout en œuvre, mon équipe et moi pour que le morceau connaisse le plus grand succès possible. Et avec « Casanova », on est agréablement surpris. On espère que ça va continuer et que les choses iront de mieux en mieux.

Ce single fera partie de l’album que vous préparez actuellement. A quoi peut-on s’attendre ?

Ca va être la fumée ! En réalité, on travaille énormément pour faire en sorte que l’album soit le meilleur possible, le meilleur que j’ai fait.

Est-ce qu’il y a des artistes que vous avez invité pour participer à cet album ?

Oui. Mais je ne dirai rien parce que je garde la surprise pour la sortie de l’album. Mais on a déjà des collaborations et d’autres qui arrivent.

Sandrine Coulibaly – Fondatrice du centre de beauté "Elle Care"

Infirmière, coiffeuse, épouse et mère de 3 enfants, Sandrine Coulibaly est une femme assumant de nombreuses responsabilités. Mais au-delà d’être une femme aux multiples casquettes, elle est de surcroît une cheffe d’entreprise empreinte d’humanité.
Animée par un ardent désir d’aider les femmes atteintes du cancer à retrouver leur féminité, elle est aujourd’hui à la tête du centre de beauté Elle Care.
Portrait d’une femme qui allie avec brio sa passion pour la beauté et son métier d’infirmière.

crédit photo : karaphotoprod

crédit photo : karaphotoprod

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je suis infirmière de profession et travaille dans le milieu hospitalier depuis vingt ans. En parallèle, je suis coiffeuse. J’ai commencé par coiffer mes quatre sœurs, ensuite, des clientes, puis des mariées. En 2001, je suis tombée sur une annonce sur les réseaux sociaux recherchant des coiffeurs amateurs pour participer à l’émission TV, « Hair, le meilleur coiffeur » sur TF1. J’ai eu le privilège de remporter les deux premières épreuves de la 1ère émission en étant sacrée « coiffeuse de la semaine ».
Malheureusement, l’émission n’a pas connu un fort impact médiatique, car les médias se focalisaient sur les attentats survenus à la même période.  Au mois de mars de cette année, j’ai suivi une formation sur l’entreprenariat grâce à l’association « entrepreneur dans la ville ». Tous les ans, l’association recrutent 20 candidats pour aider des personnes à accélérer leur projet. Passé l’étape de recrutement, les candidats passent devant un jury d’expert qui valident leur intégration au sein d’une école de commerce. Je leur ai présenté le projet « Elle Care », puis j’ai eu l’opportunité d’intégrer l’école EM Lyon afin de suivre gratuitement une formation d’une valeur de 30 000 euros. 

Pouvez-vous nous en dire plus au sujet d’ « Elle Care » ?
« Elle Care » sera un espace de beauté cosy dédié aux femmes qui se battent contre le cancer. Lorsque je visualisais ce concept, j’imaginais un lieu où les femmes se sentiraient comme chez elles. Il y a aura un salon, une bibliothèque, de la musique, des jeux de société, du thé, du café,… L’objectif est de réunir un petit comité de femmes afin de créer un lien social. Souvent, elles souffrent de solitude, car elles ne veulent pas accabler leur entourage avec la maladie. Au sein de cet espace, elles seront en contact avec des personnes qui passent par les mêmes souffrances.

En parallèle, je monte l’association « Elle Care » qui proposera des événements festifs tels que des concerts, des ateliers découvertes, des ateliers de massages et des soirées de gala.

Qu’est-ce qui vous a motivé à créer un centre de beauté à destination des femmes atteintes du cancer ?
Le changement d’apparence est une étape qui ronge de l’intérieur, en plus de supporter la maladie. À mon sens, les cheveux sont la gloire de la femme. En perdant ses cheveux, il est difficile pour une femme de se sentir belle. La peau subit également des changements. Elle devient plus fragile et nécessite des soins adaptés. 
Au travers d'Elle Care », mon désir est d’apprendre à ces femmes à se maquiller, créer des soins du visage, et confectionner soi-même ses propres perruques. Lorsque je vois une femme avec une perruque pas du tout adaptée à son visage, je me dis qu’elle mérite mieux. 
Je souhaite encourager ces femmes à renouer avec elles-mêmes, à être actrice de leur beauté, de façon à ce qu’elles puissent elles-mêmes récupérer la féminité que la maladie leur a volé !

crédit photo : karaphotoprod

crédit photo : karaphotoprod

Dès lors que l’on pense à « cancer », on pense directement à la mort. Mon désir est que ces femmes se retrouvent dans ce centre afin d’y trouver la joie et la vie. La solitude et la dépression, rongent de l’intérieur et peuvent parfois être fatales pour l’être humain. Le lien social ne peut que faire du bien.

Vous proposez des prestations visant à aider les femmes à apprécier leur image. Est-ce que le centre a également pour vocation d’accompagner les femmes sur l’aspect psychologique ?
Non, on ne fait pas d’accompagnement psychologique car je ne veux pas ramener l’hôpital dans le centre. Je préfère privilégier les temps d’échanges informels. Toutes les prestations, associées aux événements, ont pour but de les aider à prendre conscience qu’avant d’être des personnes malades, elles sont avant tout des femmes.

Avez-vous été confronté à des difficultés lors de la création du centre ? Si oui, lesquelles ?
La seule chose qui me vient à l’esprit est la partie administrative. Bien choisir un statut juridique et rédiger les clauses prennent beaucoup de temps. J’ai fait appel à un juriste afin de déléguer cette tâche. Étant touché par le projet à cause de son histoire personnelle, il m’a proposé de s’occuper de cette partie gratuitement. 
En dehors de ça, j’ai la chance d’être bien entourée. Mon frère est expert-comptable et entrepreneur, il m’aide sur de nombreux sujets. Mon mari est photographe, et le cousin de mon mari est webmaster. Il a réalisé un site magnifique en l’espace de 24 h ! J’étais stupéfaite, car il correspond vraiment à ce que je visualisais. Il a également créé le logo et réalisé la vidéo pour la campagne de crowdfunding. 
Dernièrement, un couple d’architectes d’intérieur travaillant avec des hôtels de luxe m’a proposé du mobilier gratuitement. 
J’ai du mal à réaliser tout ce qui est en train de se passer, car je n’ai rien demandé de tout cela. Je suis convaincu que c’est Dieu qui pourvoit à tout ce dont j’ai besoin au travers de ces personnes. Il agit vraiment au-delà de mes espérances.

Comment voyez-vous « Elle Care » dans 5 ans ?
Honnêtement, je vois l’activité s’étendre à l’international. Et d’ailleurs, ce n’est pas moi qui ai commencé à le dire, mais les personnes qui me suivent sur les réseaux sociaux. Je reçois de nombreux messages de personnes vivant en Belgique, au Canada, à New York, et en Espagne, qui souhaiteraient avoir une structure similaire dans leurs pays. 

À quelle adresse nos lecteurs pourront-ils trouver le centre ?

Les ateliers auront lieu dans un premier temps au sein de l’espace de co-working, « Kimia café ». Il est situé au 17 Rue Julien Lacroix à Paris 20e.
Je commencerai les ateliers avec 6 personnes, puis lorsque j’aurai des locaux plus spacieux, j’organiserai des ateliers de 10 personnes afin que le cadre reste intimiste. 
Toutes les informations relatives au centre seront disponibles sur Instagram, Facebook et LinkedIn.

 

 

Chrystal Marcel : "Un entrepreneur est un grand rêveur qui va au bout de ses rêves"

Christel Marcel, surnommée Chrystal, a bâti sa carrière dans le milieu de l’audiovisuel et plus précisément du casting, de manière progressive. On pourrait presque dire que cette entrepreneuse, reconnue pour ses compétences et ses qualités humaines, est tombée dans la marmite depuis petite. Très appréciée de ses partenaires et des plus grands influenceurs et célébrités de la scène artistique française, Chrystal a accepté de revenir sur ce qui fait d’elle, la femme influente qu’elle est aujourd’hui, dans portrait d’entrepreneur, pour Esimbi Magazine.  

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Esimbi Magazine : Présente-toi aux lecteurs d’ESIMBI MAGAZINE ?  

Chrystal Marcel “Alors, moi je suis chrystal, directrice de casting depuis plus de 10 ans, et grande passionnée de la vie. J’adore découvrir des nouvelles choses. Mais je suis également une grande passionnée des gens. J’adore découvrir leur potentiel et les mettre en lumière.”  

 

Esimbi Magazine : Comment es-tu rentrée dans ce milieu ? 

Chrystal Marcel “Pour faire court, depuis toute jeune j’adorais partager mes bons plans. Je faisais beaucoup de figuration, pour tout ce qui était sitcoms pour ados, publicités, émissions télés, séries etc... Et j’adorais partager mes plans avec les gens que je connaissais.  

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J’ai rencontré Kool Shen qui m’a proposé de tourner dans un de ses clips. Il m’a d’abord demandé si je pouvais inviter une dizaine de filles...Puis, une dizaine de garçons. En voyant que je réussissais sans problème, il a fini par me demander : “Est-ce que tu peux inviter 100 personnes.” (rires) J’ai invité les amis, des amis, des amis, et j’ai fait le clip Two shouts for my people, avec une centaine de figurants.  

J’ai fait très bonne impression auprès de la boite de production qui s’occupait du montage de ce clip. Ils ont demandé à me rencontrer et c’est comme ça que ça a démarré. J’ai travaillé avec eux pendant deux ans en tant que directrice de casting avant de monter ma propre agence de casting.”  

 

Esimbi Magazine : A tes débuts, quelles ont été les défis auxquels tu as été confrontée ?  

Chrystal Marcel “Les défis, c’était surtout qu’on ne me connaissait pas. J’étais très jeune. J’avais 23 ans quand j’ai monté ma société. A cet âge-là, j’en paraissais 18. Donc, le souci de crédibilité, il était là. Mon focus a été de leur montrer que j’étais performante dans mon métier. Mais surtout, que j’étais passionnée et que je me donnais vraiment à fond.  

Je suis aussi quelqu’un d’extrêmement perfectionniste, mon éthique de travail me permettait de leur prouver, qu’il ne fallait pas me juger par rapport à mon âge, mais plutôt par rapport à mes compétences.  

Il ne faisait aucun doute que je me défonçais triplement fois plus que n’importe qui, et c’est ce qui m’a permis d’avoir de plus en plus de demande, de très bons retours et de fidéliser mes clients.”  

 

Esimbi Magazine : En quoi ton métier te fait rêver encore aujourd’hui ? Est-ce que tu dirais que “rêver en travaillant” est un élément essentiel pour pouvoir continuer quand on est entrepreneur ?  

Chrystal Marcel “Mon métier me fait rêver et je pense qu’il va me faire rêver encore très, très, très longtemps. Tout simplement parce que chaque projet est différent, chaque émission, chaque tournage, chaque film, pub etc... Chaque projet est unique, et à chaque fois, ce sont des nouvelles personnes que l’on doit trouver.  

Hier encore, j’étais sur le tournage d’une publicité pour AIDS. Et, c’est typiquement, dans ce genre de moment, que tu te dis intérieurement que t’es utile. C’est toi qui permets aux gens de réaliser leurs rêves et d’être en lumière. Et c'est çà mon métier. C’est de permettre aux gens de briller, de vraiment montrer leur talent, de gagner en assurance et surtout de changer des vies.  

Et c’est aussi ça, être entrepreneur. Rêver en travaillant, oui. Mais accomplir ses rêves surtout. Concrètement, pour moi, un entrepreneur, c’est quelqu’un qui a des rêves et qui les accomplit. Quelqu’un qui n’a pas de rêves, ce n’est pas un entrepreneur, ce n’est pas possible.  

Un entrepreneur est un grand rêveur qui va au bout de ses rêves et qui les réalise.” 

 

Esimbi Magazine : Tu fais partie des rares personnes de la communauté afro-caribéenne à être influente dans ce milieu, as quoi attribue-tu ton succès ?  

Chrystal Marcel “Mon succès, je l’attribue surtout à mon niveau de compétences et à mon travail. Je ne me suis jamais dit en rencontrant un client, ‘bah je suis une femme, je suis noire, je suis jeune et je dois tout prouver.’ Non. 

Dans ma tête, c’était, ‘je suis une excellente directrice de casting, je vais leur prouver qu’ils ont raison de me faire confiance et de travailler avec moi.’ Et ce que je pourrais dire aux personnes de la communauté qui souhaitent également se lancer, c’est de ne pas se mettre des freins. Parce que le plus grand frein, c’est nous même. Si on commence nous, à se dire, je suis noire ou je suis une femme, ou je suis jeune, je n’y arriverais pas. C’est l’image que l’on va transmettre aux autres.  

Pour moi, il faut qu’on te juge par rapport à tes compétences, ta confiance en toi et ton assurance.”  

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Esimbi Magazine : Vivienne de Beaufort, directrice de programme entreprendre au féminin de l’Essec business school a dit : Les femmes ont le complexe de l’imposteur. Elles ont souvent une exigence de perfection que personne ne leur demande.” Qu’en penses-tu ? Et surtout est-ce que tu penses que cet adage pourrait s’appliquer pour les femmes afro entrepreneurs de France par exemple ?  

Chrystal Marcel “Le syndrome de l’imposteur ce n’est pas quelque chose qui s’applique seulement aux femmes afro-entrepreneurs ou aux femmes tout court. Le syndrome de l’imposteur, ça arrive à beaucoup de personnes, à partir du moment où on concrétise quelque chose, et qu’on se dit, ‘oui mais, est-ce que j’ai vraiment le mérite pour’.  

Le syndrome de l’imposteur, c’est un peu comme la solitude de l’entrepreneur, c’est quelque chose par lequel on passe forcément. Il faut juste réussir à se dire, qu’à partir du moment où tu as réussi quelque chose, il n’y a pas lieu d’avoir le syndrome de l’imposteur, même pour une femme noire.  A partir du moment où tu maitrise ton art, tu le maitrise, point barre.”  

 

Esimbi Magazine : Comment penses-tu que les femmes d’origines afro qui nourrissent l’ambition de travailler dans les médias, devraient appréhender les challenges qui les attendent ? 

Chrystal Marcel “Pour moi, tout vient de l’image que toi-même tu reflète. Si dans ta tête tu te dis, mince je suis noire, ça va être plus compliquée pour moi, quand tu vas voir les gens et que tu vas les démarcher, c’est l’image que tu vas leur donner. Avant d’être une entrepreneuse, avant d’être une winneuse, avant d’être accomplie, ce que tu vas donner comme image, c’est regardez-moi, je suis noire. Non. En quelques secondes, il faut que les gens voient au travers de ta couleur. On est tous différents, et Dieu merci.  

Il faut assumer la personne que tu es dans ton entièreté et surtout avoir confiance en toi et en tes compétences. Je me répète sur ça, mais pour moi c’est vraiment, le plus grand obstacle que les personnes peuvent avoir. Une femme qui a confiance en elle, personne ne pourra la déstabiliser.  

Peut-importe le contexte de notre société. Les personnes de la communauté doivent se dire, ‘je suis entrepreneur et je suis compétent dans ce que je fais’. Et c’est l’image qu’ils donneront aux autres.  

Moi, je me suis toujours considérée comme chanceuse d’être noire. Je remercie Dame Nature, je remercie mes parents, je remercie Dieu.  

Malgré la conjoncture actuelle de notre société, on doit se dire que dans la vie, il faut se battre, et ça, quel que soit nos armes.”  

 

Esimbi Magazine : De quoi es-tu le plus fière aujourd’hui quand tu regardes ton parcours ?  

Chrystal Marcel “Malgré les difficultés et les aléas que peut rencontrer un entrepreneur, et bien, je suis toujours là. Il ne faut pas s’imaginer que quand on est entrepreneur, tout est rose, tout est beau. Non. Être entrepreneur, ça signifie avoir des hauts, des bas et parfois des très, très bas. Du coup, quand je regarde mon parcours, ce dont je suis le plus fière, c’est forcément de n’avoir jamais lâché.”  

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Esimbi Magazine : Quand on est une femme ambitieuse et à succès comme toi, on reçoit souvent des critiques sur la manière de gérer sa carrière ou le fait de délaisser le côté personnel – Comment tu concilie ta vie de femme avec celle d’entrepreneur ?  

Chrystal Marcel “Le nombre de fois où j’ai entendu ‘mais toi tu es carriériste’. (Rires) Alors, que pas du tout. Je suis ambitieuse, certes. J’aime faire mon travail passionnément, mais j’aurais pu être salariée et faire mon travail tout aussi passionnément. Ce n’est pas parce qu’on est entrepreneuse, que toute notre vie est destinée à la carrière professionnelle. Je sais garder du temps pour ma vie privée, mes proches, et ma vie sociale. Ce qui est mon équilibre d’ailleurs. Il y a ce stéréotype en société de : la maison, le mariage, le bébé, le travail. Mais à côté, ce n’est pas ça le plus important. Le plus important, c’est d'être heureux, tout simplement.  

Pour les femmes à qui l’ont fait souvent sentir ce sentiment de culpabilité. Il faut se dire qu’on aura tout le temps ça. Pointer du doigt, ce que vous n’avez pas est une manière pour les gens de se rassurer, sur leurs propres failles. En réalité, il se peut que vous soyez dix mille fois plus heureuse dans votre situation, sans maris ou enfants, qu’eux, mariés avec des enfants.  

Pour ceux qui ont l’habitude de faire des commentaires négatifs comme ça, envers les femmes, jugées trop ambitieuses. Je dirais une chose. Avant d’appuyer sur ce que la personne n’a pas. Essayez de vous concentrer sur ce qui la passionne vraiment. Et là, vous aurez toutes les réponses, du pourquoi, elle n’a pas certaines choses dans sa vie.”  

 

Esimbi Magazine : Après plus de 10 ans dans ce milieu quelles sont tes ambitions aujourd’hui ?  

Chrystal Marcel “Mes ambitions aujourd’hui, c’est de développer l’agence au niveau international. Je pense que le tour de la France, je l’ai fait.  J’ai vu des pays, où il n’y pas d’agence de casting. Je veux me concentrer sur le développement de l’agence dans ces différents pays, et prendre beaucoup de plaisir à le faire.”   

 

Esimbi Magazine : Pour terminer, avec ton expérience et l’avenir qui le nôtre aujourd’hui, si tu avais un conseil à donner aux femmes afro-caribéennes entrepreneurs de France et d’ailleurs, que leur dirais-tu ?  

Chrystal Marcel “Pour toutes les femmes qui souhaitent devenir entrepreneur, je vous dirais que si jamais vous voulez créer, dans cette période de COVID, dites-vous que cette période nous permet de voir qu’il faut tout digitaliser. L’avenir est dans le digital. Pour celles qui ont déjà entrepris, au lieu de se dire, mince c’est la catastrophe. Essayez de voir comment vous pouvez dès maintenant digitaliser votre commerce. Vous êtes un institut de beauté. Proposez des formations en ligne, ou des conseils beauté à la maison, et vendez vos produits en ligne, par exemple. 

A titre personnel, c’est ce que j’ai fait avec ma société. Je fais désormais les castings en ligne. Il faut savoir prendre les difficultés comme des opportunités. Voir comment vous pouvez amener votre entreprise à se développer. Digitaliser son entreprise, c’est une façon beaucoup plus simple de pouvoir la digitaliser partout dans le monde et donc surtout, de toucher un plus large public. Pour moi l’avenir de demain, c’est le digital.”  

 

Suivez le travail de Chrystal via son site internet : https://chrystalcasting.com/agence/

Ou sur Instagram : https://www.instagram.com/chrystal_casting/channel/

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NAWEL DEBBOUZE : "Miser sur la jeunesse africaine, c'est miser sur l'avenir du continent"

Son nom vous le connaissez bien, mais savez-vous vraiment qui est Nawel Debbouze ? Car si son patronyme est un atout, Nawel Debbouze est loin d’être que la sœur de... Impliquée dans d’importantes actions caritatives comme, l’opération Ne baissons pas les masques, qui œuvre pour aider les familles marocaines à surmonter la crise du COVID-19, s'il y a une particularité importante à souligner chez Nawel Debbouze, c’est son éternel main tendue pour aider les autres. Au-delà de son grand cœur, la jeune femme de 30 ans, a su s’affirmer au fil des années comme une bussiness modeuse accomplie, en créant notamment sa ligne de sacs à main. De son amour pour la mode, est né la volonté de montrer au monde, la multitude de talents qui comme elle, se dépasse pour réussir à faire de leur passion un métier. Grâce à l’African Fashion Talent, qu’elle lance en 2018, Nawel Debbouze marque son attachement au continent, et donne sa chance aux talents émergents. Pour ESIMBI, Nawel Debbouze a accepté de revenir sur son parcours et sa passion pour la mode et son attachement à la mode africaine.  

 

ESIMBI :  Nawel Debbouze bonjour, question classique, pour ceux qui ne vous connaissent pas, comment est-ce que vous vous décrieriez ? Qui est Nawel Debbouze ?  

NAWEL DEBBOUZE :  “Je suis une femme avant tout. Une jeune femme de 30 ans, passionnée de mode et maman d’un petit garçon qui s’appelle Yanis.”  

ESIMBI : Pouvez-vous me donner 5 moments incontournables de votre vie qui ont forgé la femme ambitieuse que vous êtes aujourd’hui ?  

ND : “Premièrement, je dirais mes études à l’étranger. J’ai étudié en Angleterre et au Canada, et c’est ce qui m’as permis d’avoir cette ouverture d’esprit sur le monde.  

Deuxièmement, je dirais tout simplement que ma vie a été jalonnée par de belles rencontres. Des rencontres telles que Precious Motsepé, qui est une grande entrepreneuse en Afrique du Sud, qui a organisé la Fashion Week pour le groupe Mercedes. C’est une grande femme, entrepreneuse, qui a un parcours merveilleux.  

Ma rencontre avec Monica Belluci aussi, m’a également beaucoup inspiré tout au long de mon parcours. Ces deux femmes ont marqué l’histoire pour moi.  

Troisièmement, je dirais que l’année de création de ma marque de sacs à main, JudeJude, fait partie des moments incontournables de ma vie.  

Quatrièmement, l’organisation du Festival African Fashion Talent et cinquièmement, bien évidemment la naissance de mon fils, Yanis, qui a 9 ans aujourd’hui et qui m’a complètement épanoui et accompli en tant que femme.”  

ESIMBI : Si je vous dis ‘mode’, qu’est-ce que vous me répondez ?  

ND : “Pour moi, la mode se résume en trois mots. Passion, liberté et expression.  Passion parce que c’est quelque chose qui ne se décide pas, qui se vit. C’est inné en fait la passion. La liberté, parce que la mode est un art qui vous permet d’être libre, ça parle à l’humanité. Et puis l’expression, parce que c’est un langage universel la mode. C’est un langage qui ne se verbalise pas. Pour moi, chacun est libre de s’exprimer de sa façon. La mode c’est l’expression d’une personnalité, ça englobe pleins de choses en fait la mode, mais pour moi ce qui en ressort de fondamental c’est la passion, la liberté et l’expression.“ 

 

ESIMBI : Vous êtes créatrice d’une marque de sacs à main nommée JudeJude. Pouvez-vous nous dire comment les codes culturels qui vous imprègnent se manifestent dans vos créations et dans votre éthique de travail, en règle générale ? 

ND : “La création de ma marque de sacs à main et être dans la mode, pour moi déjà, c’est un rêve que j’ai depuis toute petite. Ma mère avait deux trois sacs à main en haut de son armoire, et il ne fallait pas les toucher. Quand j’en prenais un, c’est quand elle était absente, mais vraiment il ne fallait pas les toucher. (rires) C’est vraiment une histoire qui me tient à cœur depuis toute petite. Et puis les sacs à main de ma maman, c’était vraiment quelque chose de précieux, comme un bijou. Ils étaient emballés dans des housses etc... Donc, voilà, c’est vraiment un rêve depuis toute petite de vouloir créer ma marque, et je l’ai concrétisé avec le lancement de JudeJude en 2018.  

La marque JudeJude parle d’elle-même. Ce terme signifie ‘générosité’ en arabe littéraire. C’est un métissage, c’est un mélange de culture, c’est à la fois une culture maghrébine, africaine et occidentale. Je mélange pleins de codes couleurs dans mes créations.  

L’éthique de travail je l’ai et elle me tient à cœur, parce que toutes mes créations sont faites selon un savoir-faire précieux et ancestrale issu d’Orient. Et puis à travers mes sacs je voulais vraiment explorer la sensibilité et le raffinement de mon pays. Il y a beaucoup de tissus que je retravaille d’ailleurs, qui sont des tissus 100% marocains. A travers ma marque, c’est vraiment une histoire que j’essaye de créer et d’agrandir.  

En ce qui concerne mes ambitions... j’en ai pleins. J’ai encore envie de créer d’autres festivals de mode, d’agrandir ma marque, de partir dans le prêt-à-porter. C’est vrai que là je suis autour de la maroquinerie mais j’aimerais vraiment m’élargir à ce niveau-là.”  

 

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ESIMBI : Maintenant si je vous dis ‘mode africaine’, qu’est-ce que cela vous évoque ?  

ND :  (rires) - “Ahh, la mode africaine elle m’évoque beaucoup de chose. Elle est whaouuu ! La mode africaine pour moi ça représente la joie de vivre, vraiment. Les couleurs sont vibrantes. La fantaisie des motifs, c’est juste impressionnant. Je suis une amoureuse du wax. D’ailleurs, pour mon premier défilé, j’ai fait toute la collection autour du wax. Voilà, ce que représente la mode africaine pour moi, c’est la joie de vivre.“ 

 

ESIMBI : Vous êtes initiatrice de l’African Fashion Talent, lancé pour la première fois en 2018. En quelques mots, pouvez-vous nous parler de cet événement ?  

ND : AFRIFATA c’est un événement qui avait pour but de révéler les jeunes talents d’une quinzaine de pays, de mettre en lumière cette nouvelle génération, qui ont présenté une collection de folie d’ailleurs. Chaque créateur raconte son histoire à travers ses collections et puis franchement, ça s’est vu sur la première édition en 2018.  

L’idée de créer cet événement m’est venu car moi-même, en tant que créatrice, je trouvais qu’on n'avait pas assez de possibilité, en tant que jeune créateur, de se mettre en avant. On a nos sacs, on les vend, on fait du classique quoi, du commercial. Mais j’avais envie de mettre en avant ces jeunes créateurs, par un autre biais, plus impactant pour eux et qui serait vraiment utile à l’arrivée. J’en ai rencontré des dizaines qui m’ont dit que leur plus grande difficulté c’était le manque de plateforme existante. On parle de créateurs qui n'étaient pas forcément connus, qui ne savaient pas comment exploiter, comment mettre en avant leurs créations et du coup, pour moi, c’était important de créer cette plateforme, cet événement au Maroc. D’une part, parce que je suis d’origine marocaine et puis parce que j’ai vu la possibilité de faire bénéficier tous ces créateurs de mon expérience et de mon carnet d’adresses. J’ai travaillé dans l’événementiel et je me suis dit pourquoi ne pas mettre en avant ces jeunes designers qui ont un potentiel de folie.”  

ESIMBI : Vous auriez pu vous centrer sur la mise en lumière de la mode orientale. Mais dans une interview vous avez déclaré qu’il était important pour vous de “rendre hommage à l’Afrique et à son vivier d’artistes”. Pourquoi cela vous tient à cœur ?  

ND : “Moi en tant que marocaine, j’ai eu cette chance de mettre en application ma passion. Et pour moi, c’était important de révéler à travers cet événement, ces jeunes artistes d’Afrique dont est fiers. Sachant qu’il y’a 60% des africains qui ont moins de 24 ans, je dirais même que miser sur la jeunesse africaine, c’est miser sur l’avenir du continent. Je n’invente rien. Sa majesté Mohammed VI l’a bien souligné en disant que ‘l’avenir de l’Afrique passe par sa jeunesse’.”  

ESIMBI : L’événement existe depuis 3 ans. Comment concrètement l’AFRIFATA a répondu ou répond au besoin de développement du secteur de la mode africaine sur le continent et à l’échelle internationale ?  

ND : “Cet événement a eu pour impact la révélation de certains talents. Ça a aussi été la consécration d’une carrière pour d’autres. Ce festival n’a pas été uniquement un défilé de mode, mais une plateforme d’échange avec des politiques, des financiers, des artistes, à travers des tables rondes sur les trois jours du Festival. Ça a été au-delà d’un simple défilé de mode. L’AFRIFATA, c’est la connexion entre les talents et les professionnels de l’industrie.”  

 

ESIMBI : Au regard de la situation du secteur de la mode africaine aujourd’hui, quels sont les défis que vous souhaiteriez à tout prix réussir à relever ?  

ND :  “Ma passion, c’est une chose. Mais j’aimerais vraiment organiser d’autres festivals à travers toute l’Afrique. J’aimerais créer une caravane qui se balade à travers tout le continent. Toujours dans l’idée de mettre en avant les talents africains. C’est mon objectif, c’est mon but.” 

 

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ESIMBI : Si vous n’aviez pas été mannequin et créatrice de mode, quel autre métier auriez-vous pu faire ?  

ND :  “Alors, je n’ai pas été mannequin mais modèle pour plusieurs marques. Mannequin, il faut faire 1m80 et je ne les fais pas (rires). Mais pour répondre à votre question, j’aurais été créatrice de mode et modèle, car à mes yeux quand on a une passion, rien ne peut nous en détourner. “ 

ESIMBI : Il y a-t-il un fait que peu de gens savent sur vous que vous souhaiteriez partager avec les lecteurs d’ESIMBI ?  

ND:  Non, je laisse les lecteurs découvrir ma passion à travers mes créations, à travers mon univers. Je leur laisse le soin de me découvrir à travail mon travail et mon univers.”  

ESIMBI: Que voulez-vous que le public retienne de vous ?  

ND : ”Je veux que les gens retiennent que chaque réussite commence par un rêve. Ça a été mon mantra tout le long de ma vie. Il faut partir de quelque chose, il faut une base, un moteur. Il faut qu’on soit imprégné de quelque chose pour pouvoir réaliser ce qu’on veut. Pour pouvoir être quelqu’un, il faut être passionné.”